Retour

SERIE DEUX JUMELLES
(St Clare' s)

 
Translation



Claudine et Mam'zelle

CLAUDINE LA FRANÇAISE



Claudine plait, Claudine a des défauts.

 

Dans les histoires d' école d'Enid Blyton, St Clare's, (Deux jumelles), Malory Towers, (Malory School), The NaughtIest Girl, (Betty), apparaissent des personnages français, élèves ou professeurs.

Dans Claudine et les deux jumelles, (Claudine at St Clare's), le caractère bien français de Claudine est mis particulièrement en avant. Les différences de comportement sont évidentes entre la jeune française et ses compagnes anglaises.

Le premier mot appartient à Isabelle :
--Claudine, répéta Isabelle, Quel joli prénom ! Il me plait beaucoup.

Puis Mam'zelle nous apprend :
... Il n'y a pas d'enfant plus gaies. Elle rit tout le temps, elle est toujours en train de plaisanter.

Et Claudine parait. Les petites anglaises la trouvent bien hardie... Elle découvre Saint-Clair, et ne se trouve ni dépaysée, ni intimidée.
Claudine jouit de la sympathie générale. Mais malgré cette sympathie, les défauts de la petite française apparaissent bientôt.

Claudine se montre rebelle à toute discipline, et paresseuse... Elle porte un soin excessif à sa toilette, elle copie sur le cahier des autres...

Voilà déjà que se dessine le caractère Français. 
Pour les français, la discipline n'est pas une chose sacrée. La docilité non plus. Le français est rebelle de nature, et c'est pour lui un sport nationale que de contourner les lois, les règlements...
En forçant le trait, disons qu'il faudrait autant de règlements qu'il y a de français.
Qui n'a jamais vu les français s'invectiver en voiture, frauder pour gagner une place dans une file d'attente !
Les françaises sont coquettes... c'est connu ! Elles aiment plaire, séduire. Claudine y réussit particulièrement. Et si Claudine copie sur ses camarades, c'est plus par paresse que par tricherie.

Et Claudine est entière, vive, elle ne sait pas cacher ses sentiments. 
A la surprise de ses camarades anglaises, Claudine préfère coudre plutôt que de faire du sport :
Vous autres, anglaises, vous préférez les raquettes de tennis et les crosses de hokey.

 

Claudine n'en fait qu'à sa tête.

 

Le chapitre 7, "Claudine n'en fait qu'à sa tête" résume à lui seul un comportement bien français. Il ne nous étonne pas, ne nous choque pas !

Claudine veut une ombrelle pour aller au soleil ! Elle ne veut pas abîmer son teint . Elle est décidée à se montrer impertinente , et à s'amuser un peu . Elle va à cet effet utiliser toutes les ressources de la féminité, et de son état de petite française espiègle.
Claudine fait la "fofolle", crie, car un insecte lui tourne autour, puis feint d' avoir peur d'une chenille, fait semblant d'enlever son bas... au grand scandale de tous... 
Claudine est menacée d'une punition. Claudine s'amuse. Elle décide de pousser le professeur à la renvoyer. Résultat garanti !
" Claudine, votre conduite est intolérable ! Rentrez immédiatement..."

Claudine dissimule sa joie. 
Son professeur n'est pas dupe. 
Claudine se retrouve face à ... Mam'zelle. La fine enfant, yeux baissés, mine contrite, joue la comédie, raconte ses malheurs... Et se fait plaindre !
En France, ce comportement amuse les personnes au grand coeur, et tout en blâmant du bout des lèvres, on applaudit Claudine, cette bonne petite fille, si gaie, si vraie.
Comme dit Bobbie :
... ce petit singe de Claudine arrive toujours à ses fins. Je parie qu'elle s'est payé du bon temps pendant que nous pâlissions sur nos problèmes.

Claudine est modeste. C'est une des qualités que je reconnais au français. Nous aimons bien que l'on reconnaisse nos mérites, mais nous ne faisons rien pour les mettre en avant. 
Ce trait de caractère est montré de façon amusante par Enid Blyton, au sujet de l'exposition des oeuvres des élèves au congé de la mi-trimestre.
Mam'zelle annonce à Claudine qu'elle va faire admirer son "beau coussin" à tout le monde ! Claudine est affligée, exaspérée, elle en a presque honte.
Aussi, pendant la fête, Claudine fuit-elle sa tante, (Mam'zelle), afin de ne pas assister aux démonstrations de celle-ci. Claudine elle même ne trouve pas son travail
exceptionnel :
"J'ai trois soeurs beaucoup plus habiles que moi... Maman dirait "Claudine fait des progrès" ! Ce n'est pas mal pour un commencement !"


Devoir et punition. Franchise.

 

Claudine a un autre défaut ! La gourmandise. En France, c'est presque une qualité ! C'est comme on dit "un péché mignon".
Les petites anglaises admirent les friandises... Mais Claudine franchit le pas et goûte les fraises...
Isabelle lui dit que peut-être elle sera punie ...  :
--Imite-moi, conseilla Claudine, en se léchant les lèvres. Tu ne le regretteras pas.
Mais non ! Les jeunes anglaises ne veulent pas désobéir!
--Tu es terrible, Claudine ! s'écria Angela. Les règlements n'existent pas pour toi. Je suis contente de ne pas te ressembler.
Ce qui me parait un peut excessif !
Il semble aux français que le sens du devoir, de la punition acceptée, soit l'un des fondements de l'éducation anglaise. Un jeune français n'aura aucun scrupule à échapper à une punition ! Au contraire, ses amis le féliciterons de sa débrouillardise, ou de sa chance. 
Pour les devoirs, il jugera ceux qu'ils faut admettres, et rejettera ceux qu'une tradition ou une fantaisie de ses maîtres  imposent.
Regardant la télévision ces jours-ci, j'ai vu un reportage ou l'on annonçait la suppression de certains châtiments corporels dans les écoles en Ecosse ! Je pensais que cela avait disparu depuis bien
longtemps ! On ne condamne pas en France la juste exaspération d'un maitre distribuant une gifle... mais un système établi de châtiment corporels n'aurait jamais pu exister.

Quand on manque de respect à sa tante, Claudine oublie sa peur de l'eau, et manigance avec Patricia une vengeance : tomber dans la piscine et inonder l'horrible madame Favory de Saint-André. Avec son sens de la comédie habituel, elle ne s'explique comment elle est tombée, comment elle a pu être si maladroite...
Une lueur espiègle dans les yeux, Claudine s'esquiva.

Car Claudine plait :
Claudine avait beaucoup de succès auprès des parents d' Allice. La nièce de Mam'zelle était très bien élevée, elle était vive, amusante ... elle inspirait la sympathie.

En ce qui la concerne, Claudine a le sens des responsabilités, dans le sens ou elle prend des risques, et en accepte les conséquences.
Lorsque des mesures sont prises concernant Madame Paterson, c'est Claudine qui l'enferme dans un placard. Sa compagne Patricia lui dit de faire ce qu'elle veut, qu'elle ferme les yeux.
Et Claudine prend tout sur elle. Elle n'a pas peur des punitions, lorsqu'elle ne peut les éviter.

L'affaire fait grand bruit, Madame Paterson est furieuse et Claudine doit se dénoncer.
Elle explique les griefs des élèves contre Madame Paterson, et avoue son geste...
Elle joue la fillette étonnée de son acte, semble regretter, parle d'une voix tremblante... La directrice n'en croit rien mais :
Mme Theobald pensa que l'on ne pouvait s'empêcher d'aimer cette petite espiègle qui n'en faisait qu'à sa tête.
La punition fut d'être privée de hokey, et de
raccommoder le linge du pensionnat à la place ...
Une lueur de joie brilles dans les yeux de Claudine... Quel bonheur d'échapper à ce sport détesté.

Mais quand Claudine est accusée de vol... rien ne va plus!
Comment va réagir la jeune Française ? 
Les yeux brillant de colère, Claudine regarda le petit groupe. Elle dévisagea successivement Isabelle, Bobbie,. Soudain, à l'étonnement général, sa colère se dissipa. 
Claudine est capable de passer du rire aux larmes, du drame à la gaieté, au fou-rire, en quelques secondes. 
Claudine est décidément une énigme pour ses camarades... 
Vous autres, anglaises, vous êtes si sérieuses et si solennelles que nous avons de la peine à nous comprendre.


Enid Blyton aime Claudine

 

Voilà que le roman s'achève. Claudine promet de devenir sage... Souhaitons qu'elle reste la Claudine que nous aimons. 

Comment finir ? 
D'abord, il me semble qu'Enid Blyton devait bien aimer cette Claudine si mignonne, impétueuse, et si différente.
Claudine, c'est aussi, en France, le nom de "George" du Club des cinq. 
Claude Dorsel, (George) si elle ne ressemble pas à Claudine sur le plan de la coquetterie, est comme elle emportée, capable d' actes extrêmes, foncièrement honnête, et n'aime pas la discipline. Claude se révolte souvent, enrage d'être obligée d'obéir... Bien des points communs avec notre Claudine.
N'
y-a-t-il pas un peu d' Enid Blyton, dans ces deux personnages ?
Claudine, ai-je lu, s'inspire d'une compagne d'école d' Enid Blyton, une jeune Belge.

Personnellement, le personnage, et le prénom même de Claudine, me fait penser sans hésitation à un personnage de la littérature française.
Il s'agit du premier roman de la grande Colette, traduites dans le monde entier, "Claudine à l'école"
Ce roman ne se passe pas à la même époque, ni dans les mêmes conditions... Mais la Claudine rebelle, comédienne, coquette,  futée, hardie, honnête et tendre, cruelle aussi, est de la même veine. Jusqu'au prénom qui est le même. Enfin l'oeuvre de Colette est universellement connue, et c'est le premier livre d'une grande femme écrivain.
Dans un autre titre d'Enid Blyton, une petite française se nomme Colette...

Coïncidences, sans doute ! Enid Blyton a-t-elle lu Colette? 
Mais la ressemblance du personnage est troublante, et j' invite les lecteurs à lire "Claudine à l'école" de Colette. Il est très sûrement publié en anglais. 
Cela passionnera toujours les amateurs d'histoires d'école. Une précision toutefois, Ce livre n'est pas un livre d'enfant. Il a fait scandale, en France , vers les années 1900 ! Mais a connu un succès incroyable. De nos jours, on peut le lire à 15-16 ans... Les temps changent !

 

Serge

 

Retour