Retour

 

 

Retour

Le champion de Paul BERNA 1959
Illustrations de Pierre Le Guen

Par Oldpuck, du forum Livres d'enfants 

 

 

 

Quand l’histoire commence Tony Clément a à peine 15 ans. C’est un enfant malingre, rachitique, perpétuellement malade, raillé par les jeunes de son âge, souffrant d’une image dévalorisée aux yeux des autres et aux siens. Ce récit est l’histoire d’une renaissance.
Un entretien avec un moniteur de sport attentif , des vacances en liberté à la campagne chez de braves gens vont décider du destin de Tony.
Il va entreprendre un long chemin qui va durer 2 ans et à travers un sport, la natation, partir à la reconquête de sa santé et de lui-même.
A force de ténacité, de volonté il va reprendre du poids, il va apprendre à nager et se découvrir une passion pour ce sport.
Débutant modestement dans un club, le « canard boiteux » ira, à force d’entraînement, de victoires en records. Mais jusqu’où ira-t’il ?

Les personnages :
- Tony adolescent maladif mais qui possède en lui une détermination étonnante. Parallèlement au développement physique du jeune héros on voit émerger sa personnalité : il affirme ses envies ses choix tranquillement mais avec assurance.

- La famille de Tony : une famille « normale »qui vit dans un environnement plutôt bourgeois à Paris, pas méchante mais plutôt indifférente au petit dernier. En fait ; elle n’est pas sympathique du tout : Des gens égoïstes qui font le choix de ne pas emmener Tony en vacances avec eux car ses problèmes de santé risquent de gâcher leur séjour à la mer.
Des frères très moqueurs, un père lointain, une mère caricaturale à souhait, angoissée d’une façon ridicule par la maladie alors que son fils a retrouvé sa santé. Seule sa sœur est douce et compréhensive. Par contre quand Tony devient célèbre ils commencent à le regarder avec intérêt !


- Ficelle : le meilleur ami de Tony. Lui ne sera jamais un champion, mais il est présent, fidèle encourageant, Il est là pour lui tendre son peignoir quand il sort du bassin. Il choisit et accepte de bon cœur ce rôle dans l’ombre.

- Mr Charlin l’entraîneur, jovial, compréhensif qui pressent en Tony de la graine de champion mais qui l’entraîne avec mesure et discernement.

- Les Barnabé qui accueillent sans le connaître pour les vacances l’enfant chétif et qui vont avec leur gentillesse et leur bonne cuisine participer à son rétablissement. Leur bonhomie contraste avec le manque de chaleur de la famille.

-Le Tondu : copain de vacances qui lui apprend à nager.

A la fin du récit, le glorieux trophée que Tony a gagné lui pèse. Il souhaite l’offrir et va le proposer tour à tour à tous ses fidèles amis qui le refuseront avec indignation. Mais Tony sait bien que sa vraie victoire ne réside pas dans la possession de cet objet et il trouvera à qui le transmettre, bouclant ainsi la boucle avec sensibilité et émotion.
Ce n’est pas une histoire à suspens sauf pour la course finale mais l’ambiance d’un milieu sportif des années 50 est très bien rendue par un auteur qui maîtrise parfaitement le sujet. Le monde de la natation est particulièrement bien décrit : les sensations dans l’eau, l’ambiance du club et des compétitions, le travail d’entraînement, comment se gère la progression du futur champion, les rivalités entre entraineurs.
Les explications techniques sont claires, jamais rebutantes. L’auteur connaissait vraiment cet univers ou bien il s’est extrêmement bien documenté.
Cette histoire nous plonge dans un univers à 100000 lieues du monde actuel de la natation. Même si le fulgurant parcours du héros parait assez improbable, il faut le resituer dans le contexte de l’époque. On est sur une autre planète : pas de « gonflettes » suspectes ni de combinaisons intégrales, l’entraîneur est bénévole car il travaille à plein temps à la Sncf, le jeune champion parvient au sommet en s’entraînant 20 h PAR MOIS. Rien à voir avec les monstres anabolisés actuels. Les temps de records sont d’époque eux aussi.
Les valeurs véhiculées dans ce livre : la renaissance par le sport, l’éloge de la volonté à travers l’effort que le héros s’impose mois après mois et qui finit par porter ses fruits,
la modestie – à aucun moment le jeune champion n’attrape la grosse tête-
C’est une belle histoire de volonté et d’idéal sportif mais on peut la lire à un autre niveau, comme un documentaire sur une époque révolue

 

 

 

Deux illustrations de Pierre Le Guen


 

 

 

 

Retour


 

Retour