Au sujet de la
traduction de la série
"Club des cinq"
Un traducteur de métier,
passionné par l'oeuvre d' Enid Blyton, a souhaité nous donner son avis sur
les traductions de la série du "Club des cinq". Il réagit aussi
à l'article de M. Jean Paul Lecomte dans le paragraphe concernant les
traductions. On peut lire cette article en cliquant ici :
http://perso.wanadoo.fr/serge.passions/c5_critique.htm
En
préambule, je me permettrai de donner mon opinion. J'ai lu les "Club
des cinq" d' Enid Blyton dans les années 60. Depuis, j'ai bien sur
pratiqué de nombreux auteurs de talent, dont l'amour du Français n'est
pas à mettre en doute.
Je relis couramment, pour les besoins de mon site, les livres d'Enid
Blyton. Ils ne sont pas tous de qualité égale, mais il y a dans la
série du Club des cinq une poignée de titres qui méritent d'être relus
aujourd'hui.
Oui, le texte en est bon, oui, le traducteur a respecté le principal :
l'émotion, l'atmosphère, le climat !
Que nous importe une traduction "serrée" mot à mot du texte
original, si le goût, le plaisir du texte, avait à y perdre...
Oui, je regrette de ne pas connaître le nom des traducteurs de ces
ouvrages... J'aurais aimer les citer, en remerciement . Serge Place
à L'article :
Je tiens à revenir ici sur certains points
dont a usé M. Lecomte pour faire des reproches au grand écrivain pour
enfants qu'est Enid Blyton. Plus particulièrement sur le paragraphe où
M. Lecomte parle de la traduction de la série Club des cinq.
Quand l'auteur de l'article dit :
« De la suppression à l'allongement, en passant par le contresens
flagrant, rien ne nous est épargné ! »
Il est vrai que les traducteurs ont parfois supprimé certains mots ou des
phrases entières. Mais pour cause ! Il faut garder à l'esprit que tout
traducteur a droit à totalement changer le ton d'un texte ou d'un
paragraphe, entraîner des contresens ou de le réécrire, plutôt que de
rendre une simple traduction.
" And see how the waves keep washing
over the top of the rocks and spashing into the pool. "
"Et les vagues déferlent dedans."
Analysons à présent la critique faite
dans la phrase ci-dessus et tirons-en des enseignements !
On peut dire que le traducteur a "soustraduit"
la phrase. Et pourquoi ? Eh bien, parce qu'il faut parfois laisser de
côté certains traits pertinents qui semblent être trop difficiles à
traduire à partir du texte de départ (anglais). Dans son souci de
traduire mot à mot les textes, le traducteur risque de finir par rendre
une mauvaise traduction !
Il vaut mieux alors ne pas traduire certaines phrases que d'en faire une
traduction qui 'sonne' mal dans le texte d'arrivée (français).
Si l'on cherche à tout traduire, il en résulte la plupart du temps un
texte d'arrivée plus pauvre et plus plat.
Comme le disait Valéry Larbaud dans son "Sous l'invocation de St
Jérôme" :
« Eviter le mot à mot insipide et infidèle à force de servile
fidélité. »
Et comme le dit même le webmestre de ce site :
« Sans être une traduction "mot à
mot", on peut considérer que l'esprit du livre et le respect de
l'oeuvre de l'auteur sont intacts. »
Prenons maintenant la deuxième phrase extraite du "Club des cinq et les
gitans" :
"It's the first time I've ever hit a girl, and I hope it'll be the last.
"
"C'est la première fois que je boxais avec une fille, j'espère que
ce ne sera pas la dernière !"
Ici, comme je viens de le dire, le traducteur a eu recours à la
traduction en contresens. Sans doute s'agit-il d'une erreur de sa part,
mais là, il arrive que même le traducteur fasse des erreurs ! Tout le
monde peut se tromper. Mais on ne peut le lui reprocher pour autant !
Dans le contexte de ce même titre (Le club des cinq et les gitans), et
dans le chapitre intitulé "Le jour suivant" ("The next day"
dans le titre original), où Annie va chercher des anémones de mer, notre
traducteur a de nouveau tout simplement laissé tomber la traduction de la
phrase :
"Anne liked the petal-like creatures that looked so like plants and
weren't. She liked feeding them with bits of biscuit, seeing their 'petals'
close over the fragments and draw them quickly inside."
Certes, il est tout à fait possible de traduire la phrase en question.
Mais le traducteur ne l'a pas fait, et pas sans raison.
Si le traducteur a envie de tout rendre, il risquera d'aboutir à un texte
lourd, dans une langue peu naturelle : le lecteur aura ainsi l'impression qu'il s'agit d'un texte
traduit et non pas écrit dans la langue française ! C'est là un danger
que tout traducteur doit toujours garder présent à l'esprit.
Et maintenant, pour en venir à la partie où l'auteur critique le fait
que le nom du traducteur ne figure nulle part dans le livre, il est du
ressort de chaque maison d'édition de publier ou de mentionner ce dont
elle a envie. Peut-être même que la maison d' édition disposait, non
pas d'un seul et unique traducteur, mais de toute une équipe de
traducteurs.
L'auteur de la critique dit encore :
« Heureux donc celui qui lit l'anglais dans le texte, lui pourra
peut-être se faire une réelle première opinion. Quant à nous, il reste
une version déjà malmenée et cependant pas encore au bout de ses peines
pour nous faire une idée ! »
Je tiens à préciser que ce n'est pas uniquement les Anglophones qui ont
une bonne idée du texte écrit par Enid Blyton ! Eh non ! Les Français,
tout comme les natifs d'autres pays, aiment lire les ouvrages de Blyton
autant que les Anglais, les Canadiens, les Indiens, ou les Australiens !
Ainsi, ces mots, lâchés par l'auteur de l'article, ne font que le
contredire lui-même car si le traducteur n'a pas su restituer l'idée de
Blyton dans son ouvrage, comment peut-on expliquer la popularité du Club
des cinq de nos jours ? Enid Blyton avait fini d'écrire sa série du Club
des cinq vers la fin des années 60. Mais la popularité de cette série
ne cesse d'accroître, à en croire les ventes même après un
demi-siècle !
Aussi, M. Lecomte a-t-il tort de critiquer
le traducteur quand il dit que celui-ci a rendu une traduction malmenée.
La version française, (si elle n'est pas meilleure que le texte de
départ !), est aussi joliment contée, tel que l'avait voulu Enid Blyton
!
En guise de conclusion, que je cite les mots d'André Gide, extraits de
son "Préfaces" :
« Il advient presque toujours qu'un vocable, lors même qu'il désigne un
objet précis et trouve un équivalent précis dans une autre langue,
s'entoure d'un halo d'évocations et de réminiscences, sortes
d'harmoniques qui ne sauraient être les mêmes dans l'autre langue et que
la traduction ne peut espérer conserver. »
Les paroles de Gide suffisent à elles-seules pour que les reproches de M.
Lecomte, dans le dessein de dépeindre l'image d'Enid Blyton et en
particulier l'oeuvre du traducteur français, soient réduits à néant !
Srikrishnan Srinivasan.
J'ajouterai cette
phrase, tirée d'un courrier personnel de Srikrishnan qu'il
m'adressait récemment :
"Pour moi, il n'y
qu'un seul mot qui puisse résumer mon avis sur la traduction en français
des oeuvres de Blyton : elles sont super !"
Et comme petite anecdote
venant à propos, un extrait d'un courrier reçu ce jour :
J'espère qu'il existe des traductions
de ses ouvrages en anglais, afin que mes amis anglophones puissent les
lire également. Malheureusement, chez nous, en Polynésie française, on
ne vend pas de livres en anglais !
Comme quoi on trouve les livres d' Enid
Blyton passionnant et bien écrits... à croire qu'elle est Française ...
Serge
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