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La géniale Enid Blyton

Par Paul Edmund Norman

 

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L'aventure ne passionne pas que les adultes. Elle envoûte bien des enfants, surtout ceux qui ont pris l'habitude de lire dès leur plus tendre enfance, et qui aiment le livre. Le simple plaisir de retrouver la cachette d'un coffre aux trésors suffit à arracher un sourire à un enfant, et même, à épanouir son visage. Il est donc tout naturel que les enfants boulimiques de bouquins en redemandent sans cesse pour assouvir leurs besoins de lecture. 


Enid Blyton naît en 1897 dans une famille aux revenues modestes. Très vite, il est clair qu'elle n'a pas l'intention de se laisser enfermer dans le bon chic londonien auquel elle était sûrement destinée. Elle se réfugie dans l'écriture au moment de la séparation de ses parents. C'est son expérience dans l'enseignement qui lui donne l'envie d'écrire pour les enfants. Avant de s'éteindre, sa bibliographie comprend plus de 700 ouvrages, sans parler de ses dizaines de milliers d'inédits. On prétend qu'il n'est jamais né d'auteur dont les livres dépassent en nombre ceux de la grande Enid Blyton. J'ai lu quelque part que Charles Hamilton, qui est plus connu sous le nom de plume de Frank Richards, avait écrit plus de 7.000 courts romans dans lesquels il mettait en scène aussi bien les filles que les garçons. Reste à savoir si ses 7.000 livres peuvent égaler les quelque 700 bouquins d'Enid. Qu'importe : n'est-ce pas de toute façon la romancière favorite des moins de 15 ans ?


Malgré tout, les critiques littéraires n'ont pas manqué de desserrer les dents : Enid fut dès 1930 l'objet de nombreuses critiques, on lui reprocha des protagonistes fantoches, des intrigues en série, un choix de mots trop limité… Ses ouvrages seront très controversés surtout au passage des années 70 où ils sont taxés de racisme, de sexisme et d'antiféminisme. S'il est vrai qu'ils sont toujours basés sur des situations particulièrement simples (le soleil brille toujours, les familles sont soudées, les méchants juste assez cruels !), ils apportent aux enfants la part de rêve qu'ils attendent, une " stable indépendance " et une aventure faite de tunnels souterrains et de grottes secrètes. Et ceux-là même, qui ont tant décrié Enid, en ont fait autant pour les œuvres d'Edgar Rice Burroughs ou pour celles de Robert Howard dont la popularité est pourtant inégalable. En tout cas, l'objectif de mon essai porte, non pas sur l'étude des œuvres complètes d'Enid Blyton, mais sur le désir naturel de cette femme de lettres qui savait si bien répondre aux attentes des enfants. Comment Enid faisait-elle pour captiver les enfants, comment rentrait-elle dans la peau de ses personnages pour décrire leurs sentiments, tels sont les buts que je me suis fixé pour soutenir ce mémoire. L'aventure est au rendez-vous dans la plus grande partie de ses livres pour les 12- 15 ans. Le Club des Cinq, le Clan des Sept, les séries " Mystère ", les histoires de cirque, tous ces ouvrages, qui ont tant enchanté nos jeunes années, ressemblent par bien des points aux chroniques " Greyfriars " de Charles Hamilton. 
A cela viennent s'ajouter les séries d'histoires d'école d'Enid Blyton, (Malory School et Saint-Clair), qui ont pour thème la vie en pension. Tout est réuni pour de palpitantes aventures, autant qu'un mini-adulte ou un pré-ado des années 50 pouvait vivre. 


Pour le temps présent, toutefois, le marché du livre regorge de titres et de séries pleinement au goût du jour. Quant au texte, on ne devrait pas, à mon avis, en modifier le contenu pour qu'il s'adapte au monde actuel ! Il suffit d'expliquer à nos jeunes têtes blondes comment était le monde en ce temps-là, ce qui n'était peut-être pas bien, mais aussi ce qui était mieux ! Sinon, si on réécrit les livres, les enfants n'apprendront jamais ce qu'on pensait avant, ni comment vivaient leurs parents. S'attend-on à voir les personnages des auteurs célèbres de la première moitié du siècle dernier se comporter comme les enfants d'aujourd'hui ? Non, bien sûr ! Les mots qu'employait Enid, quoique quelque peu obsolètes, même à l'époque, étaient très plaisants à l'oreille. Les illustrations, d'une fraîcheur exceptionnelle, cadraient très bien avec le texte. Et, comme on était plus corrects, plus pudiques cinquante ans auparavant, on pouvait lire les mots tels que " gai " ou " bizarre " sans se sentir le moins du monde embarrassés. Cependant, les éditeurs d'aujourd'hui ont pour une plus grande tranquillité décidé de supprimer tous ces termes ! Pour ce qui est d'enfants créés par Enid Blyton, ceux-ci étaient bien élevés et polis, les voitures se faisaient encore rares, les trains de la Société Nationale des Chemins de Fer anglaise desservaient les contrées les plus isolées du Royaume-Uni sans jamais être en retard. 


C'était l'après-guerre, et les jurons d'expression familiers tels que " formidable " ou " sapristi " faisaient encore partie du vocabulaire des gens appartenant à l'ancien temps, exactement comme on le lisait dans ces livres (parus aux plus anciennes éditions !). Faire ressortir de ses aventures les querelles " garçons-filles ", si propres à l'époque, était aussi l'un des multiples talents de la fabuleuse Enid Blyton. (Les garçons n'en étaient pas moins galants envers leurs sœurs !) 


Bon nombre des personnages d'Enid Blyton sont assez stéréotypés : il y a des " bons " et des " méchants ", mais aussi des " pas bien méchants " qu'on ne peut quand même pas se défendre d'aimer, des adultes aux idées toutes faites, de vieilles femmes malheureuses et souvent " folles ", ou des grands-pères qui confondent le présent et le passé et qui se souviennent beaucoup mieux de ce qui se faisait il y a cent ans que ce qu'ils ont pu faire ce matin… Identifier les malfaiteurs était un… jeu d'enfant, d'autant plus qu'Enid décrivait merveilleusement la peinture de tels personnages si caractéristiques de ses livres. A moins, toutefois, que vous n'eussiez affaire à un inspecteur de la police déguisé en gangster ! Il n'empêchait que nous avions eu beaucoup de plaisir à admirer le talent d'Enid qui savait si bien tenir en haleine ses jeunes lecteurs !


"Le trop est l'ennemi du bien", nous le savons tous. Est-ce le cas de le dire pour ce qui concerne les livres d'Enid Blyton ? Elle a beau être un auteur prolifique, mais est-elle un bon auteur ? Eh bien, la réponse est oui. Elle connaissait le goût des apprentis lecteurs, (celui, du moins, des enfants des années 50), et elle ne savait que " trop bien " ce qui les enthousiasmerait, ce qui les passionnerait. La géniale Enid se faisait un devoir de répondre systématiquement à chacune des lettres que lui envoyaient ses milliers d'aficionados des quatre coins de la planète. Elle travaillait d'arrache-pied pour le compte d'innombrables œuvres de charité créées pour venir en aide aux enfants malades et prenait une part active aux campagnes de levée de fonds qui se consacraient aux enfants déshérités, dans toutes les parties du monde. Un Famous Five Club est même fondé en 1952 pour aider des œuvres caritatives pour les enfants, il aura jusqu'à 200.000 membres. Les critiques accusent Enid dont les enfants de papier ne côtoient pas n'importe qui, de même que leurs parents qui ne se mélangent qu'avec de " bons bourgeois ". Ainsi, dans le monde blytonien, on ne manque pas de rappeler aux gens la place qu'ils occupent dans la société. Quoi qu'il en soit, n'oublions pas que les livres d'histoires d'Enid ont bercé l'enfance de millions de jeunes lecteurs du monde entier et que ses récits restent toujours appréciés des enfants. 
Dans ses livres, Enid nous plaçait vraiment tout près de ses protagonistes ! C'était presque comme si François, Mick, Annie, Claude et son éternel compagnon dévoué, le chien Dagobert, faisaient partie de notre famille ! La littérature que nous propose Enid est " niaise " mais " saine ", qui a fait rêver des millions d'enfants de par le monde. Ce n'est malheureusement plus le cas des écrivains d'aujourd'hui. Eux ne savent pas que écrire au juste, ce qui plairait aux jeunes des années 2000 qui sont beaucoup plus mûrs que leurs homologues du demi-siècle passé. Dans le temps, les enfants se représentaient le monde comme étant un univers plein d'intrigues et de mystères. Ce phénomène est hélas ! aujourd'hui disparu. Les enfants d'aujourd'hui en savent beaucoup plus long que ceux d'il y a cinq décennies. Les nouvelles œuvres d'auteurs actuels font voyager les enfants dans le monde entier, abordent la science-fiction, sont tirés par les cheveux ! Les héros n'ont plus aucune psychologie, il n'y a plus aucune atmosphère dans ces livres ! C'est une suite d'actions et de dialogues sans âme ! Les séries d'Enid, elles, sont beaucoup plus crédibles, vraisemblables, car les enfants y ont des aventures pendant des vacances classiques, dans la famille, ou chez des amis, en week-end, dans leur monde habituel, fêtes foraines, cirque, plages, campagne… 


Décidément, les enfants d'aujourd'hui auront tout vu, plus rien ne les surprend, ne les laisse baba. On dirait presque des sauterelles, à la façon dont ils se cramponnent à tout ce qui leur tombe sous les yeux ! Pourtant, il y a un truc qui m'étonnera toujours : tous les enfants (y compris ceux qui délaissent la lecture) lisent avec le plus vif intérêt les livres sur les fantômes (cf : les aventures de Harry Potter). Ce qui tient de la sorcellerie, c'est qu'aujourd'hui on peut trouver, inondés sur le marché, plein de séries de livres qui traitent de la magie, de l'horreur et des vampires accaparant les feux de la rampe de la littérature juvénile. 


Trouver aujourd'hui la clé du succès dans le monde de la littérature enfantine est pour ainsi dire impossible. Les enfants à l'époque actuelle sont tellement plus exigeants, tant par leur goût que par leur préférence. La littérature pour enfants a donc énormément évolué depuis les années 50. Elle suit de beaucoup plus près les préoccupations des enfants, et colle au monde actuel. Susciter leur intérêt n'est pas chose aisée, comme on peut le voir ! Il faut savoir que l'immense talent de J K Rowling est d'avoir su captiver, passionner les enfants, assez pour en faire des fans assidus. Rowling a beau ramener les enfants sur le chemin de la lecture plaisir, ses amateurs fervents préfèrent regarder ses aventures à la télé plutôt que d'entrebâiller l'un de ses livres à la recherche du mystère, de l'inconnu. La publicité énorme faite sur Harry Potter y est aussi pour quelque chose ! Dans les années 60, la télévision était presque inouïe, il n'y avait guère de distractions, et la lecture était une passion dévorante pour ceux qui s'y adonnaient. L'été, les enfants construisaient parfois des cabanes ou entreprenaient de longues courses à vélo, l'hiver, ils restaient à la maison, assis sagement au coin de la cheminée, à lire des livres. La radio, quoique moins inhabituelle que la télévision, se popularisait tout juste. Aussi, le public n'avait-il pas l'embarras du choix et devait se contenter de savourer un programme de musique pop diffusé en direct par Radio Luxembourg ou par la BBC qui était alors située à Earls Court. Nous, cependant, on avait nos feuilletons radiophoniques bihebdomadaires préférés et qu'on ne manquait jamais d'écouter. Parmi eux, je citerai en particulier Educating Archie, Take it from here, Hancock's Half Hour ou encore le Goon Show.
Aujourd'hui, la BD a détrôné le roman. Mille amusements sont venus entourer nos enfants : l'informatique, le multimédia, Internet… Enid Blyton en avait donc eu de la chance car elle avait écrit ses œuvres au moment où seule la lecture était le passe-temps favori des enfants d'antan.

 L'apparente désaffection pour la lecture qui aujourd'hui touche les élèves du collège au lycée n'est cependant pas fatale. Depuis des années, des enseignants, de façon souvent confidentielle, mais aussi parfois avec une certaine reconnaissance médiatique, lancent des expériences pédagogiques pour développer l'activité de lecture chez leurs élèves. Certaines de ces expériences sont ambitieuses et lourdes à gérer, d'autres peuvent être conduites par chacun d'entre nous. Mener nos élèves sur le chemin aventureux de la lecture est donc possible, y compris dans le cadre scolaire. Mais, pour que la lecture retrouve son mystère, pour qu'elle redevienne un plaisir, il est nécessaire de passer, dans un premier temps, par des chemins détournés, loin du programme scolaire et des œuvres imposées. La découverte du livre comme objet puis comme œuvre, les rencontres avec les écrivains, sont autant de stimulants, pour transformer l'activité de lecture en moment de plaisir, de partage et de connaissance de soi. Ces temps-ci, et c'est bien dommage, plus personne n'a de temps pour tout cela…


Selon les Instructions Officielles de l'école primaire en Angleterre : " Il appartient à l'école, dès la maternelle, d'entourer l'élève de livres et de textes, de lui donner le spectacle d'un maître lecteur ". Elle doit encourager et développer le désir de lire. En liaison avec les exercices de lecture, sont présentés des textes divers (histoires, contes, etc.), lus et commentés en classe. Le maître a recours aux meilleures œuvres accessibles à la jeunesse, dans un but d'initiation à la qualité littéraire ; il ne néglige pas les textes courants de la pratique quotidienne. L'objectif est de conduire chacun, dès l'école et pour toute la vie à vouloir lire, à savoir lire, à aimer lire.


L'école se doit d'apprendre à lire aux enfants, mais aussi à aimer lire. Or, si presque tous peuvent apprendre à lire, devenir un vrai lecteur n'est pas si facile. Dès son plus jeune âge, l'enfant est en contact avec le livre, il va le découvrir, prendre plaisir à le manipuler et à écouter des histoires. L'adulte qui lit un livre à un enfant, qui prend le temps de partager avec lui son plaisir de lire, lui transmet le goût de la lecture. La présence de livres dans les familles est souvent inégale : c'est à l'école de compenser la carence, de permettre à tous les enfants d'accéder au livre et de devenir des lecteurs actifs. D'une part, elle n'ignore pas qu'il existe d'autres types d'écrits qu'il est important d'apprendre à maîtriser parce qu'ils sont des objets de consommation courante : le journal, la bande dessinée, le tract, l'affiche, la lettre, etc. D'autre part, elle va créer et entretenir le goût de lire par l'utilisation et la fréquentation du livre. Et, de ce fait, elle donne envie à l'enfant de dévorer tous les livres qu'il croise.
Oh ! n'allez pas croire que je dévie du but que je me suis donné : je ne fais au contraire que peindre l'image de la fin des années 50, années où les enfants n'avaient pas grand-chose à faire sinon lire, par rapport à celles d'aujourd'hui ! Auteur favori ? Enid Blyton ! Elle avait l'art d'écrire une histoire pour un enfant de n'importe quelle tranche d'âge : du plus petit marmot jusqu'au lecteur adolescent mûr ! Car, il faut le dire, les teen-agers de mon temps n'étaient pas aussi remuants ou cyniques tels qu'ils sont à présent. Comme je l'ai déjà dit plus haut, les enfants de la première moitié du XXe siècle n'ignoraient pas leur place dans la société et se comportaient en fonction de leur milieu social. Nous nous montrions toujours très respectueux devant nos maîtres d'école ou l'agent de police et, croyez-moi, il n'en est rien dans le XXIe siècle, bien au contraire… Mais voici que je risque de dériver du sujet pour de bon ! 


Parmi tous les livres d'Enid Blyton, c'étaient ceux parus dans la série "Barney" que j'aimais le plus. Ce sont aussi ces ouvrages qui occupent même aujourd'hui le plus de place dans ma bibliothèque ! J'étais amoureux de Nelly Verdier dans les années 50, parce que, à mon idée, elle représentait le vrai genre de fille avec qui l'on pouvait tomber amoureux ! Je trouvais en elle un personnage calme et désinvolte. Sylvain lui-même était assez rebelle, mais je pouvais m'identifier très bien à Roger, le frère de Nelly. Celui-là, en tout cas, était plus réfléchi et moins turbulent que son espèce de phénomène de cousin orphelin : Tout-fou ! 
Donc, la lecture est devenue chez moi un moyen perpétuel d'évasion, de voyage, de rêverie. Mes jeunes voisines, des jumelles aux cheveux blond filasse, qui avaient alors trois ans de plus que moi, possédaient un exemplaire du Mystère du Vieux Manoir. (C'est incontestablement un très bon " Barney ", très bien écrit, et passionnant !) Chaque fois que l'occasion s'en présentait, je le leur empruntais, tellement ce titre me plaisait ! J'espérais qu'ainsi elles me le donneraient pour de vrai, se doutant que c'était là mon livre préféré : mais non, elles ne s'en étaient jamais séparées ! (C'est bien ça, les filles, pas partageuses du tout… je plaisante :-)) Parfois encore aujourd'hui, je me surprends à reprendre un des ouvrages d'Enid, je dois avouer que j'en garde toujours au chevet de mon lit ou en bibliothèque, et je n'en ai pas honte du tout ! J'aime beaucoup aussi Greyfriars ainsi que Tarzan, Conan… j'ai plaisir à les relire quand l'envie m'en prend. Je pense que les histoires d'Enid sont simplettes, naïves, innocentes pour tout dire, et je me plonge dedans avec délices : une consolation efficace et peu coûteuse face aux difficultés et aux frustrations de la vie quotidienne ! 


Le club des cinq, c'est le rêve d'aventures de tous les enfants. François, Mick, Claude, Annie et Dagobert ont vécu sous la plume d'Enid Blyton vingt et une aventures mouvementées. Chaque dimanche, jour où le marché aux puces en pleine air a lieu, je pars en ville, en quête d'un des titres de la série " Barney ". Au milieu des bibelots ébréchés et des chinoiseries défraîchies, je le vois qui est là, dans un coin, un titre de la série " Barney ", sandwiché entre un polar américain et un Lucky Luke ! Je fonce droit dessus, je l'ôte avec mille précautions de son box, je le paye et me voilà son heureux propriétaire ! Je tiens à compléter la série entière de six volumes dans sa plus vieille édition ! Ce n'est hélas ! plus édité aujourd'hui. L'éditeur n'a plus au catalogue que le club des cinq, le clan des sept… mais c'est aussi mieux car les livres sont très joliment illustrés. En tous les cas, les dessins sont contemporains des livres, et correspondent au style de la période évoquée. Le week-end dernier, par exemple, j'ai réussi à dénicher un vieux club des cinq et un clan des sept, tous deux en assez bon état. Quelle chance ! Les autres membres de la famille doivent penser que je suis un peu toqué, mais mon fils, Chris, lui, fait collection de figurines des Star Wars… alors, qu'est-ce que cela peut leur faire que je relis toujours les bouquins écrits par Enid Blyton ? 


Ce qui marquait la phase de l'adolescence, c'était l'âge où l'on lisait les livres sans illustrations intérieures. Les exemplaires de la série " mystère " que j'avais étaient tous dessinés par Gilbert Dunlop, qui était un excellent portraitiste, et dont j'admire le talent. Les années 2000 venues, le nombre de dessinateurs allait croissant, ce qui diminuait nettement la qualité et la finesse des œuvres illustrées ! Je suis fier de dire qu'un beau livre illustré est toujours un rêve, surtout s'il s'agit d'un " Parkinson " ou d'un " Boris ". Pour en revenir au Mystère de la Roche Percée, le lecteur d'aujourd'hui digère mal le concept de vacances sur une plage à la bonne franquette près d'une base sous-marine secrète où il se passe des choses étranges. Toutefois, c'était là une idée week-end inespérée que nous nous dépêchions d'inscrire au programme de nos prochaines vacances, nous autres campagnards habitants du Gloucestershire qui n'avaient jamais mis les pieds ailleurs. On dit qu'Edgar Rice est le " Maître du mystère ". Moi, je vote pour qu'Enid Blyton mérite le titre de " Maîtresse du mystère " ! (Que ceux qui sont d'accord avec moi lèvent la main !) En effet, l'époque où les livres d'Enid ont fait le bonheur de notre enfance coïncidait avec une période de l'histoire d'Angleterre marquée par le B.C.B.G. Le monde se réveillait tout juste du mal qu'avait fait la Seconde Guerre mondiale. Nous nous efforcions de nous montrer sous notre plus beau jour, nous avions un air correct, faute de quoi on nous menaçait de nous laisser tomber dessus une pluie de bombes à hydrogène ! Nous faisions de notre mieux pour oublier les horreurs de la dernière guerre nucléaire, et laissions Enid nous transporter dans des univers magiques afin de nous faire vivre des aventures exaltantes en compagnie de personnages que nous aimons et idolâtrons tant. 


Eh oui, le bon vieux temps est bel et bien disparu à tout jamais. Avec l'entrée de la musique ultramoderne qui n'est rien moins que de la cacophonie pure et simple venue remplacer la bonne musique d'autrefois au sein d'une société européenne qui a tendance à se pencher sur une culture de plus en plus américanisée, on en arrive à se demander si les générations modernes connaîtront jamais la paix ! Regimber n'est pas puni de nos jours, pas plus que la violence sexuelle ou la haine intercommunautaire parce que plus personne n'ose pointer un doigt accusateur en direction de celui qui se rebelle. Les jeunes d'aujourd'hui n'ont décidément plus aucune manière ! Ils courent de-ci de-là sans savoir où ils vont ! Les autorités publiques sont plus corrompues que jamais, on se permet même de se moquer de la loi (si loi il y a !). Incroyable, tout cela, de mon temps, que je vous dis ! En analysant les torts de la jeunesse de notre génération, on pourrait déclarer tout net que les enfants d'Enid Blyton étaient sages comme des images (je n'exagère pas !) et qu'il serait bon de prendre chez eux les qualités qui manquent à nos petits diables. 
Ces jours derniers, je grille d'envie d'écrire un mystère "Barney" que, je l'espère, la maison d'édition Gateway publiera. Après tout, c'est moi qui ai dit que " l'aventure ne passionne pas que les adultes ". J'aimerais attirer l'attention du jeune public d'aujourd'hui sur les pages de Gateway, mais je crois devoir mettre un message d'avertissement au seuil de mon livre avant que l'enfant ne l'ouvre, de peur d'y trouver un tableau d'art moderne sortant d'une galerie new-yorkaise. " Et maintenant, mes petits, promettez-moi de vous conduire comme des enfants modèles et ne regardez pas les femmes nues ! - Mais oui, mademoiselle Dupoivre, nous te le promettons solennellement ! Où as-tu encore emporté la brosse à frotter les meubles de Mme Boule, Crac, espèce de forban ? Dites donc, les autres, je me demande si nous allons avoir de nouvelles aventures là-bas ! " Je suis sûr que vous ne demanderiez pas mieux ! 


Attendez-vous donc à lire un nouveau mystère Barney, aux éditions Gateway (à condition toutefois qu'on me donne le feu vert !). Patience… :-) 
Et si vous ressentez le besoin d'acheter ses livres (comme moi), si vous avez envie d'en savoir plus sur la bibliographie de votre auteur préféré, je vous recommande vivement de visiter www.amazon.co.uk. Pour les autres livres d'Enid Blyton, obligation de se tourner vers les marchands de livres d'occasion ! Je vous conseille particulièrement e-bay, site d'enchères de première classe pour s'échanger des bouquins partout dans le monde. Pour plus de renseignements, cliquez sur ce lien qui vous mènera sur le site www.onlyblyton.co.uk où vous avez non seulement la possibilité de visualiser une image scannée des couvertures des livres à vendre mais de finaliser les éventuelles conditions de vente avec les vendeurs.


ENID BLYTON - MISTRESS OF ADVENTURE
by Paul Edmund Norman

http://www.gatewaymonthly.com/blyton.html

 

Traduit de l'anglais par Srikrishnan Srinivasan.

 

 

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