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Langelot

LES MÉCHANTS

 

 

Qu'on nous pardonne le manque d'originalité de cette remarque, mais il est difficile de concevoir de bon récit d'aventures sans un Méchant emblématique. Que seraient Michel Strogoff sans Ogareff, James Bond sans Blofeld, Buck Danny sans Lady X ? Et Monte-Cristo sans le trio infernal Danglars-Fernand-Villefort ?

Du reste, cette courte liste nous fournit déjà différents types de Méchants : le Méchant unique, le Méchant récurrent, la Méchante et les Méchants multiples. Toutes ces catégories – et d'autres – se retrouvent dans les aventures de Langelot.


Comme pour les Langelot Girls, nous proposerons une fiche correspondant à chacun des 40 titres de la série. Les Méchants récurrents apparaîtront donc plusieurs fois.

 

1     LANGELOT AGENT SECRET                                          
2     LANGELOT ET LES ESPIONS                                          
3     LANGELOT ET LE SATELLITE                                         
4     LANGELOT ET LES SABOTEURS                                    
5     LANGELOT ET LE GRATTE-CIEL                                     
6     LANGELOT CONTRE MONSIEUR T.                              
7     LANGELOT PICKPOCKET                                              
8      UNE OFFENSIVE SIGNÉE LANGELOT                           
9     LANGELOT ET L'INCONNUE                                          
10   LANGELOT CONTRE SIX                                               
11   LANGELOT ET LES CROCODILES                                
12   LANGELOT CHEZ LES PA-POUS                                 
13   LANGELOT SUSPECT                                                     
14   LANGELOT ET LES COSMONAUTES                           
15   LANGELOT ET LE SOUS-MARIN JAUNE                     
16   LANGELOT MÈNE LA VIE DE CHÂTEAU                    
17   LANGELOT ET LA DANSEUSE                                       
18   LANGELOT ET L'AVION DÉTOURNÉ                           
19   LANGELOT FAIT LE MALIN                                           
20   LANGELOT ET LES EXTERMINATEURS                       
21   LANGELOT ET LE FILS DU ROI                                     
22   LANGELOT FAIT LE SINGE                                            
23   LANGELOT KIDNAPPÉ                                                   
24   LANGELOT ET LA VOYANTE                                        
25   LANGELOT SUR LA CÔTE D'AZUR                               
26   LANGELOT À LA MAISON-BLANCHE                         
27   LANGELOT SUR L'ÎLE DÉSERTE                                    
28   LANGELOT ET LE PLAN RUBIS                                      
29   LANGELOT PASSE À L'ENNEMI                                   
30   LANGELOT CHEZ LE PRÉSIDENTISSIME                     
31   LANGELOT EN PERMISSION                                          
32   LANGELOT GARDE DU CORPS                                      
33   LANGELOT GAGNE LA DERNIÈRE MANCHE             
34   LANGELOT MAUVAIS ESPRIT                                       
35   LANGELOT CONTRE LA MARÉE NOIRE                      
36   LANGELOT ET LA CLEF DE LA GUERRE                      
37   LANGELOT ET LE GÉNÉRAL KIDNAPPÉ                     
38   LANGELOT AUX ARRÊTS DE RIGUEUR                        
39   LANGELOT ET LE COMMANDO PERDU                       
40   LANGELOT DONNE L'ASSAUT    
                          
1965
1966
1966
1966
1967
1967 
1967
1968
1968
1968
1969 
1969
1970
1970
1971
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1972
1972
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1973
1974
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1975
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1977
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1980
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1981
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1984
1985
1985

LES MÉCHANTS : APERÇU GÉNÉRAL

 

Au long des aventures de Langelot, on rencontre une petite centaine de Méchants. Dans leur immense majorité, ils n'apparaissent qu'une fois : seuls six d'entre eux (sept en comptant le commodore Burma, dont le rôle est toujours très limité) font des apparitions multiples.

Le tableau ci-dessous fournit la liste de ces Méchants récurrents :




Certains Méchants travaillent "à leur compte", mais la plupart sont au service de pays ou d'organisations diverses, dont certains (4584, le SPHINX) apparaissent dans plusieurs aventures.

Nous procèderons du général au particulier, et étudierons d'abord les entités avant de nous intéresser aux individus.

 

LES ENTITÉS "MÉCHANTES"

Le B.I.D.I

Dès sa deuxième mission, Langelot se retrouve confronté au Bureau International de Documentation Industrielle (B.I.D.I.), appellation anodine qui dissimule une bande d'espions sans scrupules, prospérant sur le trafic de données techniques concernant aussi bien l'encaustique que les lasers en passant par les satellites. À la tête du B.I.D.I. se trouve la redoutable Mme Schasch, première Méchante de la série, petite vieille fardée, ricanante et cruelle.

Caractéristique essentielle du B.I.D.I. : des moyens considérables (calculatrice électronique – on dirait aujourd'hui "ordinateur", centre d'écoute, avions, hélicoptères), avec comme but ultime l'enrichissement et le pouvoir. Laissons la parole à Mme Schasch : « Mon jeune ami, notre métier est dangereux, mais il vous donne la fortune en peu de temps et vous avez en outre la sensation enivrante d'être plus puissant que les princes les plus puissants de ce monde! »3

Le B.I.D.I. sera finalement démantelé, mais les informations qu'il avait patiemment accumulées ne seront pas perdues :

« Nous possédons ici un fichier complet de tous les savants du monde, remarqua [Mme Schasch] en se tournant vers Langelot. Bien des services de renseignement nous l'envieraient. »

Langelot ne répondit rien. Il pensait :

« Si je réussis, le S.N.I.F. ne vous l'enviera pas longtemps. »4

 

Le Réseau T. T.



L'hôtel Piazza-Triomphe, qui dissimule l'antenne Paris du réseau T.T.

Le réseau dirigé par Monsieur T n'est officiellement nommé que dans Une Offensive Signée Langelot (1968), le dernier titre de la trilogie. On apprend (page 15) que les initiales T.T. signifient "Terreur Totale" – on peut difficilement faire plus clair…

Il semblerait qu'à l'origine, les activités du réseau étaient tournées vers l'espionnage industriel. Monsieur T avait-il déjà l'ambition de devenir dictateur universel, ou bien la richesse et la puissance accumulées, conjuguées avec les retombées psychologiques de ses mutilations, l'ont-elles fait basculer du "côté obscur" ? Difficile à dire.

L'organisation de Monsieur T semble dès le départ très compartimentée et hiérarchisée (les différents agents portent des numéros, un peu à la manière du SPECTRE), avec une structure géographique. Langelot aura successivement maille à partir avec la section allemande5, basée à Munich et dirigée par Gerhard Smeit (N°4) ; la section Italienne (basée en Sardaigne) ; l'antenne Paris, dirigée par Philippe Axe, assisté de Riri Qu'Aime-À-Rire.

Existe-t-il d'autres antennes en dehors de ces trois pays européens ? Quid des États-Unis, et surtout du bloc communiste ? Mystère… On peut même douter de l'existence d'une antenne au Royaume-Uni6 puisque c'est Bornéo, membre de la Section de Contrôle, qui doit se charger de récupérer les documents cachés dans la poche de l'amiral Tristram.

Dans Langelot Pickpocket, on apprend l'existence d'un organisme transversal, la Section de Contrôle, particulièrement redoutée des membres du réseau. On sait que Bornéo appartient à cette section, mais on ignore s'il en est le chef. Toutefois, son statut lui permet, dans la seconde partie de l'histoire, d'agir comme s'il dirigeait l'antenne Italie – soit parce qu'il cumule les fonctions ; soit parce que le titulaire du poste est un sous-fifre

 

Le SPHINX

Entité "Méchante" par excellence, le SPHINX7 est aussi le champion toutes catégories des apparitions dans la série : 14 à lui tout seul!

Il faudra attendre Langelot En Permission (1979), pour connaître la signification de l'acronyme. Laissons la parole à Lieutenant X, pour un exercice assez délicat de justification a posteriori :

« […] Ils avaient baptisé cette conspiration la Société Financière Internationale.

L'un d'entre eux, ayant le sens du mystère, ajouta un X à la fin de cette dénomination qui lui paraissait un peu plate. Cela donna Société Financière Internationale X. Un autre, qui avait lu Ubu Roi, s'amusa à orthographier Phynancière au lieu de Financière. Un troisième, qui aimait les sigles et les allusions mythologiques, releva les initiales des mots ainsi obtenus. En trichant un peu, cela donnait SPHINX. » (Langelot En Permission, 1979, p. 8).


C'est encore dans
Langelot En Permission que la structure de commandement du SPHINX est évoquée. Auparavant, cette entité était incarnée seulement par Sidney et par différents sous-fifres (les trois producteurs de Radio-Équipe, Grangier, dit l'Asdic, Saint-Amarante, etc.) Désormais, on sait qu'à la tête de l'organisation se trouve un comité directeur de sept personnages8, avec une présidence tournante, représentant « sept nations, cinq continents et au moins trois races. », tous « riches à milliards » et « prêts à tout pour le devenir plus » (Ibid, p. 8). En dehors de Sidney, le seul membre du "comité directeur" identifié nommément sera Félix Sousse (Langelot Mauvais Esprit, 1980).


Le comité directeur du SPHINX; Trois races peut-être, mais on ne voit ni Noir, ni Asiatique dans le dessin de Maurice Paulin…


Figure mineure, mais récurrente, le commodore Burma fait son apparition à la fin de Langelot Chez Les Pa-Pous (1969), vêtu, comme ses hommes, d'un ciré noir et de lunettes d'aviateur, et débarquant d'un sous-marin. Avec une urbanité toute militaire, il informe Langelot de son appartenance au SPHINX (p. 245) – première apparition de l'acronyme dans la série.

On retrouve Burma et son sous-marin9 dans Langelot Et Les Cosmonautes (1970) – le commodore, toujours aussi courtois, fait ouvrir une bouteille de champagne pour fêter l'événement.

L'arrestation de Sidney (Langelot En Permission), suivie de celle de Félix Sousse (Langelot Mauvais Esprit), ne signifie pas la disparition du SPHINX, qui sera dans cinq des six dernières aventures de l'agent 222 l'entité commanditaire des différents Méchants.


4584

Nous l'avons vu plus haut, l'appellation "4584" apparaît pour la première fois dans Langelot Et La Danseuse (1972). Elle désigne « un petit pays européen coincé entre plusieurs gros […] et qui, malgré sa taille, entretient des réseaux d'espionnage dans le monde entier […] » (p. 10). On apprend en outre dans Langelot Passe À L'Ennemi (1978) que le "Pays Noir" (ainsi l'a surnommé la presse occidentale) possède une frontière commune avec un pays neutre.

Si on regarde la carte de l'Europe en 1980, le seul "petit pays coincé entre plusieurs gros" est la Hongrie, qui dispose aussi d'une frontière commune avec un pays neutre, l'Autriche. Mais là s'arrêtent les similitudes, et les noms de famille évoqués dans Langelot Passe À L'Ennemi (Louphat', Brig'harq, Kh'tkorn, Naçaüq, Qattaräàléhak) ne sonnent pas spécialement hongrois ; on dirait plutôt du klingon !

Quant au dictateur du Pays Noir, le "plus grand génie de tous les temps", dont on aperçoit le portrait en page 78, il évoque plus au physique le général Franco qu'aucun dirigeant de pays communiste – même si sa désignation emphatique peut rappeler le "génie des Carpathes"10 ou le "professeur de l'humanité tout entière"11

Il semblerait donc que l'auteur n'ait pas voulu dissimuler sous le masque de 4584 un pays véritablement existant. Du reste, les blousons noirs des séides de Cordovan et du ministre Nassaüq évoquent plus les uniformes SS que les imperméables couleur muraille des agents de la Stasi…

Le pays africain anonyme

 

Ce pays, qui a vu naître le colonel Chibani, demeure bien mystérieux. De lui, on sait juste que sa population est blanche, et parle un langage "guttural", qui fait bien sûr penser à l'arabe. Dès lors, si nous recherchons un modèle parmi les pays existant en 1968, date de la première apparition du colonel Chibani dans Langelot Et L'Inconnue, on ne peut penser qu'à l'Égypte de Nasser. À partir du début des années 7012, le Libye deviendra une option plus vraisemblable13. On sait malgré tout que le nom du pays est de genre féminin, car, dans Langelot Et L'Avion Détourné (1972), le snifien s'écrie, avant d'être interrompu par Chibani : « Le colonel Chibani! Mais alors nous sommes en… » (p. 53).

Ce pays, lorgnant sur les ressources en uranium de la Côte d'Ébène, dispose, selon l'aveu du colonel Chibani, « d'un matériel limité en fait de chars et d'artillerie », mais est suffisamment riche (manne pétrolière?) pour s'offrir 120 missiles sol-sol à longue portée (Ibid, p.59).

Sur les dirigeants de ce pays, sur son système politique, on ne sait rien, et pour cause, car si quelques officiers généraux apparaissent ici ou là, c'est toujours Chibani qui tient le premier rôle. Aucune allusion n'est faite à un président, un Rais, un Guide, ou quoi que ce soit de ce genre.


LES MÉCHANTS RÉCURRENTS14

Monsieur T

« Monsieur T est gros. Que dis-je, gros ? Il est énorme. » Dès la page 18 de la première aventure consacrée à Monsieur T15, tout est dit. Le personnage est physiquement monstrueux – il n'y a qu'à poursuivre la lecture de sa description charcutière pour en être convaincu – et on ne tarde pas à être persuadé qu'il en est de même sur le plan moral : il n'y a qu'à voir la façon dont il traite ses subordonnés (pour ne pas parler de ses adversaires !). Ainsi Gerhard Smeit se voit-il menacé du « vide-ordures », doux euphémisme qui implique « la mort, et dans des conditions généralement désagréables. »16 Dans le titre suivant17, Bornéo, pourtant loin d'être un enfant de cœur, n'en mène pas large lorsque Monsieur T, de sa voix couinante, menace : « Commettez une seule négligence, et vous envierez le sort d'un légume passé à la moulinette ».

Monsieur T est donc, comme l'aurait chanté Florent Brunel, « vraiment très très méchant »…

Quant à ses intentions, elles restent vagues dans les deux premières aventures. On aurait pu considérer que l'organisation de Monsieur T poursuivait des buts identiques à ceux du B.I.D.I. : le vol et la vente au plus offrant de secrets industriels ou scientifiques. Toutefois, dans Une Offensive Signée Langelot, on comprend que Monsieur T pouvait avoir un intérêt pratique à se procurer les plans des circuits de guidage de fusées inventés par le Herr Doktor Mann.

C'est dans cette troisième aventure opposant Langelot à Monsieur T que l'on en apprend le plus sur le personnage, à la fois sur son passé, et sur son but ultime : rien moins que la domination mondiale ! Monsieur T, de son vrai nom Thomas Thorvier, est un chimiste et mathématicien, major de Polytechnique (dans la même promotion que le professeur Roche-Verger), présumé mort dans une explosion à Reggane, Algérie18. Thorvier, selon son condisciple, était un brillant sujet, doté d'« un sens de l'humour formidable, [bien qu'] assez macabre  »19 mais n'aimant pas perdre, au point de se fâcher s'il échouait à trouver la réponse à une devinette. Autrement dit, Thorvier montrait déjà des tendances mégalomaniaques et cruelles, qui, suite à l'explosion qui l'a mutilé20, n'ont pu qu'empirer.

L'« étroite cabine bardée de compteurs, de cadrans, de manettes et de leviers divers »21, maintes fois décrite en des termes quasi-similaires dans les trois aventures où Monsieur T apparaît, se révèle être l'intérieur d'un satellite dans lequel notre savant fou, armé d'un laser, orbiterait depuis « des mois »22 et prétendrait à lui tout seul devenir maître du monde.23

Monsieur T, premier Méchant récurrent, est aussi le premier Méchant tout court à ne pas survivre à sa confrontation avec l'agent 22224.

 

Le colonel Chibani

 

À peine Monsieur T a-t-il tiré sa révérence que dès le titre suivant25 apparaît un nouveau Méchant récurrent, que nous allons adorer détester le long de quatre aventures : le colonel Chibani.

La nationalité de Chibani26, nous l'avons vu plus haut, est sujette à caution. Autant il est facile de voir dans la Côte d'Ébène du président Andronymos un reflet fidèle de la Côte d'Ivoire du président Houphouët-Boigny, autant il est plus délicat d'identifier le pays du colonel. Il serait certes tentant de faire de Chibani un Libyen27 mais de notre point de vue, ce serait un anachronisme : en 1968, date de parution de Langelot Et L'Inconnue, on était encore à un an du coup d'État du 1er septembre 1969, et personne n'avait jamais entendu parler d'un nommé Kadhafi. Par contre un autre pays africain défrayait alors la chronique et inquiétait l'Occident : l'Égypte de Nasser (la guerre des Six-Jours a eu lieu en juin 1967). Il nous paraît donc assez probable que l'auteur a d'abord pensé Chibani comme un Égyptien – même s'il a pu ensuite changer son fusil d'épaule.

Quelles que soient ses origines, Chibani, dans son allure et dans son style de vie, apparaît comme tout à fait occidentalisé : parfum délicat, costume taillé sur mesure (de chez Casterayne ?), fume-cigarettes… Alors que sa langue maternelle est l'arabe, le colonel préfère s'exprimer en français, qu'il parle de façon exquise.

Arrogant, imbu de lui-même, s'efforçant d'être toujours courtois et policé, le colonel peut être sujet à ses accès de violence lorsqu'il est contrarié : Graziella Andronymos et Sophie Vachette s'en apercevront à leurs dépens28.

À la différence de Monsieur T, qui n'a jamais, et pour cause, rencontré Langelot physiquement, Chibani aura à souffrir de ses confrontations avec l'agent 222 : déclaré persona non grata en France (Langelot Et L'Inconnue), blessé par balles (Langelot Et Les Crocodiles), privé de sa promotion au grade de général (Langelot Et L'Avion Détourné). Pourtant il s'établira entre les deux hommes un respect mutuel entre deux professionnels. Langelot aura toujours soin de s'adresser à Chibani en l'appelant "mon colonel" ; Chibani, pour sa part, tout exaspéré qu'il soit par la tendance à l'espièglerie du snifien, le traitera comme un adversaire à sa mesure, et laissera même percer de temps en temps une pointe d'admiration.

L'ultime affrontement des deux hommes (Langelot Kidnappé) sera aussi le plus révélateur, sur le plan humain. À l'issue d'un jeu du chat et de la souris, Chibani, ses plans une nouvelle fois déjoués, et sur le point d'être sacrifié par ses chefs, s'adresse à Langelot29 :

« Lieutenant, dit-il calmement, vous êtes un officier remarquable, et vous servez votre pays d'une façon exemplaire. N'en attendez pas moins de moi. Vous pouvez vous tromper et, dans ce cas, j'aurai simplement manqué une opération de plus […] Vous pouvez avoir raison, et mon pays peut avoir décidé de me prendre jusqu'à ma vie. Vous comprendrez que le colonel Chibani ne saurait rien faire d'autre que de la lui donner sans discuter »

Langelot se leva à son tour et considéra un long moment cet homme cruel, sans scrupules, sans charité, mais qui, du moins, avait un sens si exigeant de son propre honneur. Et, après l'avoir ainsi regardé en face, il se mit au garde-à-vous devant lui et le salua militairement :

« Mes respects, mon colonel ! » dit-il d'une voix d'où il essaya de bannir toute expression.

Quelques instants plus tard, Chibani trouvera une mort en forme d'apothéose lorsque la bergerie où il avait tenté d'attirer Snif sera détruite par un tir de roquettes, comme l'avait subodoré Langelot.


Sidney la Gélatine

 



S'il est possible – et du reste Langelot ne s'en prive pas – de concevoir pour le colonel Chibani une sorte d'indulgence respectueuse, à cause de son professionnalisme et de sa loyauté à son pays, un tel sentiment serait difficilement concevable envers Mister Sidney, dit "la Gélatine"
30, gros bonnet (dans tous les sens du terme) du SPHINX.

Sidney détient le record d'apparitions pour un Méchant récurrent : il est présent dans cinq aventures, dont quatre en tant que Méchant principal.

En dehors de l'argent et du pouvoir, Sidney a deux amours, les sucreries et les animaux exotiques : requins géants, cachalots, babouins, serpents venimeux.

Il apparaît pour la première fois dans Langelot Et Les Cosmonautes (1970), à la page 152, trônant en majesté, adipeux et sarcastique, prêt à tout pour parvenir à ses fins. Ses buts sont essentiellement lucratifs : Sidney semble toujours posséder une société (Sidney Ltd, Trux) dont il veut faire le leader sur un marché (par exemple celui des conditionneurs pour les vols spatiaux de la NASA), soit en discréditant la concurrence, soit en s'appropriant des découvertes scientifiques ou techniques comme dans le cas de l'Insecticide Absolu ou du Télécinex Hyperbolique (sic), procédé de télévision français (forcément) révolutionnaire.

Mais Sidney peut aussi être motivé par la vengeance : dans Langelot En Permission (1979), il utilise les considérables ressources du SPHINX (bien qu'en prenant les charges à ses frais) dans le seul but de se venger de Langelot qui l'a par trois fois humilié. C'est en utilisant ce même ressort de la vengeance que ses interrogateurs l'amèneront à trahir son collègue du SPHINX Félix Sousse (Langelot Mauvais Esprit, 1980).

Sidney, comme nous l'avons signalé plus haut, est le seul des Méchants récurrents à ne pas rencontrer d'issue fatale. Arrêté (Langelot En Permission), interrogé par les spécialistes du S.N.I.F. (Langelot Mauvais Esprit), on ignore ce qu'il advient de lui ensuite. Est-il extradé vers les Etats-Unis, qui l'ont condamné par contumace suite aux événements décrits dans Langelot Et Les Cosmonautes ? Ou bien son cholestérol a-t-il finalement raison de lui ? Au lecteur de juger… En tout cas, force est de constater que l'arrestation de Sidney, puis celle de Félix Sousse, n'ont pas suffi à décapiter le SPHINX, qui continuera à sévir dans cinq des six dernières aventures de l'agent 222.


Cordovan


En quelques mots, tout est dit : « Cordovan est un traître, c'est entendu, mais il est si beau ! » Ainsi s'exprime, avec une sincérité touchante, l'aspirant Gersende d'Holbach (dite Mistigri), du S.N.I.F.31 Sur le second point, les avis (féminins) sont unanimes : Liane Dotrante, Noémi Gracieux, Suzanne Legrand, et même des snifiennes comme Mistigri ou Corinne, toutes seront sensibles, à un degré ou à un autre, au charme du capitaine.

Jacques Corsetier (« C'est moins romanesque que Cordovan, n'est-ce pas ? » persifle le capitaine Montferrand32), ancien officier de l'ALAT33, passé par le Deuxième Bureau34, est évoqué dans quatre aventures de Langelot, même si, physiquement, il figure à peine dans la première35, et très brièvement dans la deuxième36.

Cordovan, ayant de lui-même et de ses mérites une idée plus haute que ses supérieurs37, est passé au service de 4584, cette dictature européenne à laquelle le S.N.I.F. en général et Langelot en particulier ont été maintes fois confrontés. Bien qu'il échoue à procurer à 4584 les nouveaux engins mer-mer français (révolutionnaires, bien entendu, on se tue à vous le répéter !), Cordovan n'en est pas moins chargé par ses nouveaux maîtres de mettre au point un plan de déstabilisation visant à établir en France un régime comparable à celui de 4584 : le fameux Plan Rubis, qui, tombé entre les mains du S.N.I.F., sera remplacé par le plan Écarlate.

Des six Méchants récurrents, Cordovan est sans doute celui dont le portrait psychologique est le plus soigné – dans les deux sens du terme. Profondément imbu de lui-même (ce qui finira par causer sa perte), il n'en est pas moins un excellent professionnel, intelligent et cultivé. Ce qui le motive essentiellement, c'est la soif de pouvoir et de reconnaissance. Pour parvenir à ses fins, il ne s'embarrasse d'aucun scrupule, en parfait égotiste qu'il est (on aurait pu écrire "pervers narcissique", si cette appellation n'était pas devenue si galvaudée). Il ne rechigne pas à la cruauté, participant aux exécutions des rebelles du Pays Noir « pour [se] changer les idées38 », ni à la violence gratuite (il tire les cheveux (!) de la manucure chinoise qui l'a accidentellement griffé39, ce qui n'est qu'un exemple parmi beaucoup de l'infantilisme du personnage).

Cordovan se révèle donc monstrueux à tous égards, ce qui n'est que renforcé par sa beauté physique40. Du reste, Langelot, qui a toujours gardé une distance militaire respectueuse vis-à-vis du colonel Chibani, tutoie Cordovan, et l'appelle même "Cordo". Sans doute existe-t-il entre eux une sorte de considération mutuelle réticente, mais Cordovan s'estime incomparablement supérieur à Langelot (comme au reste du genre humain), et Langelot, de son côté, éprouve un profond dégoût pour le personnage : pour lui, Corsetier est d'abord et avant tout un officier français qui a trahi.

Les deux hommes vont jouer au chat et à la souris pendant deux aventures (Langelot Passe À L'Ennemi et Langelot Gagne La Dernière Manche), jusqu'à ce que Cordovan, victime d'une forme de justice immanente, ne trouve la mort d'un l'explosion d'un hélicoptère que son propre réseau avait saboté… Laissons la parole à Lieutenant X pour une sobre épitaphe :

Soudain, ce fut comme un feu d'artifice : l'hélicoptère se rompit par le milieu, et des centaines de débris incandescents volèrent dans toutes les directions.

Des débris d'hélicoptère et des débris et Cordovan.41


Patroclas


« Le Citoyen de l'Humanité », « le Commis Voyageur de la Compréhension Universelle », « le Papa Gâteau Mondial », tels sont les sobriquets que la presse – toujours naïve et moutonnière, c'est bien connu – a attribué au philanthrope et milliardaire Patroclas.

À la différence des autres Méchants récurrents, et même des autres Méchants tout court, Patroclas est une célébrité, et lorsque Langelot l'aperçoit pour la première fois42, il l'identifie aussitôt. Dès cette première apparition, le personnage est très précisément décrit : taille moyenne ; tête cubique, cou de buffle (encore une métaphore animale !), front orné d'une frange « coupée par un grand coiffeur » (l'inimitable Rafffaël – avec trois f). Il porte des vêtements d'un savant négligé (manteau de phoque, écharpe de carmeline43), est milliardaire, possède plusieurs nationalités, et parle avec un « accent indéfinissable ».
De tous les Méchants récurrents, Patroclas est celui qui apparaît le plus brièvement dans l'action. En trois titres, on ne trouverait pas vingt pages dans lesquelles il est physiquement présent.

 On pourra nous objecter qu'il en est de même pour Monsieur T mais c'est oublier que le personnage est d'une toute autre trempe : son ombre maléfique plane – ou plutôt orbite – sur les trois histoires dans lesquelles il sévit. Patroclas, comparé aux autres Méchants récurrents, fait piètre figure. Il est mégalo, mais moins que Monsieur T ; bien habillé, mais il n'a pas la classe de Chibani ; cruel mais pas autant que Cordovan ; jouisseur, mais bien moins que Sidney. Bref, c'est un Méchant de fin de série, au rabais, recyclé – un Méchant typiquement années 80…

Quant à ses desseins, il sont à la mesure du personnage : il ne s'agit plus de dominer le monde, la phynance internationale, ou à la rigueur la France, mais de neutraliser le BING44, unité d'élite de l'armée française (l'équivalent, en mieux bien sûr, du Special Air Service – SAS – britannique), en vue de faciliter la prise de contrôle de l'île polynésienne d'Oboubou45, possession française, dont le sous-sol riche en uranium intéresse le SPHINX, auquel Patroclas se révèle être affilié.

Conformément à la tradition des Méchants récurrents, à laquelle seul le gros Sidney a fait exception, la mort de Patroclas est causée par une explosion, mais là encore la médiocrité est au rendez-vous : une simple grenade aura raison de lui et de sa complice Zaza Morkotny.

S'il nous est permis d'émettre un avis, il y a quelque d'un peu gênant dans le portrait que l'auteur fait de Patroclas – c'est du reste en parfaite adéquation avec le ton assez réactionnaire des derniers titres de la série. Patroclas est riche ; il n'a pas de nationalité précise (en tout cas, avec son « accent indéfinissable », il n'est pas français, ma bonne dame !) Comme le Dr Symphorien Boulle46 et M. Chevrette47, il défend ouvertement la cause de la non-violence, du désarmement, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes – mais dans son cas c'est du chiqué. Boulle et Chevrette étaient des naïfs indécrottables ; Patroclas, lui, est en un hypocrite, un manipulateur, une canaille. Il semblerait donc qu'aux yeux de Volkoff, il n'y ait que deux sortes de pacifistes : les idiots et les salauds.


Zaza Morkotny


Âme damnée de Patroclas, Zaza Morkorny est tout ce que ne laisse pas entendre son prénom, qui semble sortir tout droit de La Cage Aux Folles : elle est belle, froide et cruelle.

En tant que personnage, elle ne présente, il faut bien l'avouer, que très peu d'intérêt, et c'est uniquement parce qu'elle apparaît dans trois aventures et pour ne pas nous exposer à une accusation de misogynie que nous l'avons faite figurer dans ce chapitre.

Au physique, c'est une belle jeune femme d'une trentaine d'années, aux cheveux blonds relevés en chignon. Au moral, c'est « une vipère pour la tendresse, une tigresse pour la compassion »48. Contrairement à Patroclas, qui ne s'embarrasse pas de scrupules mais ne semble pas porté sur la cruauté gratuite, Mlle Morkotny aime à manier la cravache et ne voit aucun inconvénient à la torture.

Zaza, seule Méchante récurrente de la série, est tuée en même temps que Patroclas par la grenade dégoupillée par l'adjudant-chef Paturon
49.


La douce Zaza, maniant la cravache aux dépens de Jasmine Wartigues, sous l'œil goguenard de Patroclas.

 

LES MÉCHANTES

Sur la petite centaine de Méchants recensés, douze seulement sont des femmes. Mais c'est déjà beaucoup lorsqu'on compare avec d'autres séries de la Bibliothèque Verte plus ou moins contemporaines de Langelot : Michel de Georges Bayard ou Les Six Compagnons de Paul-Jacques Bonzon50.


Parmi ces douze, trois (Mme Schasch, la secrétaire de M. Chevrette, Mme Elephantopoulos) sont des Méchantes en chef. Certes, Mme Falsope règne sans partage sur sa dynastie criminelle, mais dans Langelot Kidnappé, elle et ses charmants bambins ne sont que des mercenaires utilisés par le colonel Chibani. Héloïse Mignon, très présente – et quelle présence ! – dans Langelot Et Le Plan Rubis, n'en reste pas moins un simple agent d'exécution, dans tous les sens du mot.

La doyenne de ces dames est Mme Schasch, dont l'âge n'est pas précisé, mais qui doit avoir autour de 70 ans. La benjamine est Zaza Morkotny, qui a environ trente ans. Les autres peuvent être situées approximativement entre quarante et cinquante-cinq ans. Lieutenant X – vieille galanterie française – répugne à révéler l'âge des personnes du beau sexe, même Méchantes. Tout au plus se laisse-t-il aller à indiquer que Mme Cygne a la cinquantaine, Julie Crencks dix ans de moins.

Comme beaucoup de leurs confrères masculins, une majorité de Méchantes ont un physique… particulier. Héloïse Mignon est « gigantesque, la tête comme une hure de sanglier, les bras comme des jambonneaux » ; ses deux assistantes sont « maigres, osseuses, le nez et le menton en casse-noisette » et ressemblent à la fée Carabosse51. Le "Dragon Femelle" rencontré par Langelot à Miami doit être une de leurs cousines : « cinquante ans passés, maigre comme un clou, pâle comme une morte, visiblement méchante comme une teigne »52. Et Mme Falsope, « teint terreux, nez crochu, yeux flamboyants »53 doit être perchée quelque part sur le même arbre généalogique.

Lady Skarford, elle aussi « maigre comme un clou »54, a néanmoins, comparé aux exemples précédents, un physique relativement conventionnel.

Mme Elephantopoulos, même si elle pourrait concourir pour « le prix de la plus grosse femme du monde »55, est d'un abord plutôt sympathique – ce qui ne l'empêche pas de manier le fouet quand elle veut obtenir des aveux.

Pas de monstruosité physique chez Mme Schasch ; l'accent est mis sur le contraste entre son aspect de petite vieille poudrée et fardée et le fait qu'elle soit un chef de bande avide et impitoyable.

Physique particulier aussi pour Zaza Morkotny, mais dans un style radicalement différent : elle est décrite quasiment comme un top model. Chez elle (comme chez Cordovan), la beauté plastique est associée à une totale monstruosité sur le plan moral.

Et puis il nous reste trois Méchantes, la secrétaire, Mme Cygne et Julie Crencks, au physique ordinaire. De la secrétaire, on sait juste qu'elle est élégante ; l'unique illustration due à Maurice Paulin la montre plutôt jolie. Mmes Cygne et Crencks sont plus banales, ni belles ni laides, toutes les deux un peu enrobées – mais nous savons (voir le chapitre sur les Langelot Girls) que pour Lieutenant X, cette dernière caractéristique est loin d'être rédhibitoire. Coïncidence ou pas : ces trois Méchantes sont loin d'être les pires ; elles sont plus des voleuses ou des espionnes que des monstres sanguinaires56.



LES FAUX MÉCHANTS

Nous ne serions pas tout à fait exhaustif si nous n'évoquions pas brièvement une série de personnages, adversaires de Langelot, Méchants putatifs, et que l'agent 222 finit par enrôler sous sa bannière. À cette catégorie se rattachent les espions anglais et italiens de Langelot Et Les Espions, la bande de bras cassés de Langelot Et L'Inconnue, les "jeunes délinquants" de Langelot Chez Les Pa-pous, le capitaine Saraph dans Langelot Et L'Avion Détourné, etc. On y retrouve aussi des jeunes femmes qui, classées finalement parmi les Langelot Girls, pouvaient être considérées comme des Méchantes lors de leur contact initial avec l'agent 222 : Clarisse Barlowe, Bertha Mann, Lucrezia Rozzi, Lionnette de Crésilian, Sélima Kébir, Marie-Jeanne Faure (alias Cora) et même Liane Dotrante.


LES MÉCHANTS : TENTATIVE DE CATÉGORISATION


Comme nous l'avons fait pour les Langelot Girls, nous allons tenter de séparer les Méchants en diverses catégories, afin de mettre en évidence un certain nombre de traits caractéristiques.

Pour simplifier cette tâche, nous avons d'abord choisi de répartir la centaine de Méchants en deux groupes : les « Premiers Rôles » et les « Seconds Couteaux ». Cette répartition n'est pas sans poser problème : il y a un certain nombre de cas où le Méchant en Chef apparaît très peu dans le déroulé de l'action, alors que le ou les seconds couteaux sont très présents. Le meilleur exemple est sans doute Maurice Zauber dans Langelot Et Le Gratte-Ciel, qui n'apparaît que dans les dernières pages. C'est Guerdain, son subordonné, qui en son absence doit incarner la Méchanceté – une tâche dont il s'acquitte avec une conscience professionnelle digne d'éloges. Sidney lui-même, dans les trois premières aventures où il sévit, n'est présent que 6 pages sur 186, 4 pages sur 184 – et dans le troisième tome Langelot ne fait que l'observer de loin à la jumelle. Un autre exemple est Jacques Brelan, statutairement Méchant en Chef dans Langelot Et La Voyante, mais qui se fait largement voler la vedette par Mme Cygne. Quid des Méchants de Langelot Fait Le Malin ? Werner, Piccolimini, Bonenfant, lady Skarford, ne sont ni plus ni moins présents que Mme Elephantopoulos, mais celle-ci se révèle être leur chef…

Tout cela pour dire qu'il nous a fallu parfois décider arbitrairement. Pour reprendre les exemples précédents, Zauber et Brelan sont quand même considérés comme des Premiers Rôles, de même que Mme Elephantopoulos. Guerdain, Mme Cygne, Werner, Piccolimini, etc., sont eux classés dans les Seconds Couteaux.

Autre exemple : Damba-Damba (Langelot Et Les Crocodiles) est de toute évidence un imbécile pompeux et manipulé ; cependant, il a quand même rang de chef d'État, et il est assez présent dans l'action, nous l'avons donc classé parmi les Premiers Rôles.

Dans trois titres, nous sommes allés jusqu'à ne reconnaître aucun Premier Rôle parmi les Méchants : Haroun, Al et Rachid sont de simples exécutants, de même que le commodore Burma (Langelot Chez Les Pa-pous) ; idem pour Calaguer (Langelot Contre La Marée Noire) ; quant à Grangier, dit L'Asdic (Langelot Et Le Sous-Marin Jaune), il est si peu développé en tant que personnage (au point ne n'être représenté graphiquement que par un vague reflet dans un miroir) que nous l'avons classé lui aussi parmi les Seconds Couteaux.

Enfin, nous avons décidé d'omettre de la liste des Méchants certains hommes de main (N°67 et N°88) dans Langelot Contre Monsieur T ; Jay et Bobbie, les deux truands anglais dans Langelot Pickpocket, et quelques autres personnages du même style, Méchants éphémères et très subalternes


N.B. : les Méchants récurrents n'ont été comptés qu'une fois.


LES PREMIERS RÔLES

Les deux premiers Méchants en chef de la série, le faux colonel Moriol et M. Timothée, ont pour point commun qu'ils sont tous deux des professionnels ; ils servent leur pays, au même titre que Langelot, et celui-ci, tout en s'acharnant à leur faire échec, ne leur vouera jamais ni haine ni mépris. Ils sont représentatifs d'une catégorie que nous avons logiquement baptisée les « Pros » et à laquelle se rattachent des gens comme Chibani, Ivor, Brelan, etc.

Mme Schasch, qui apparaît dans la troisième aventure, s'écarte du modèle ci-dessus, dans le sens où elle travaille à son compte et qu'elle se soucie comme d'une guigne des engagements patriotiques. Elle n'est motivée que par l'appât du gain et la soif de puissance, et s'inscrit par conséquent dans deux nouvelles catégories : les « Vénaux » et les « Mégalos »

Le « Mégalo » par excellence, c'est bien évidemment Monsieur T, qui ne vise rien moins que devenir maître du monde (et plus si affinités). Mais il est en bonne compagnie : à Mme Schasch susnommée, on peut ajouter Cordovan, Patroclas, Zauber... Le colonel Chibani est essentiellement un « Pro », mais ses idées de grandeur et sa soif de promotion l'apparentent aussi à la catégorie des « Mégalos ».

Comme Mme Schasch, le gros Sidney peut se rattacher à la fois aux « Mégalos » et aux « Vénaux » – même si on peut affirmer sans trop de risque que chez lui, l'appât du gain l'emporte sur tout le reste.

C'est aussi la vénalité qui constitue la motivation du capitaine Sourcier, mais le fait qu'il soit officier de l'armée française le rattache à une autre catégorie, celle des « Traîtres », dans laquelle lui tiendront compagnie l'éphémère président Damba-Damba, le commandant Audibert, le sous-secrétaire d'État Calabrese, et la star incontestée du lot, le capitaine Cordovan.

Les années 70 ont vu dans le monde la prolifération des groupes prônant l'action violente, et il était logique qu'il en soit de même dans l'univers langelotien. Monsieur T, par exemple, a baptisé son réseau "Terreur Totale". Maurice Zauber peut lui aussi se rattacher aux « Terroristes », de même que Schmitsky, Fétis, et bien sûr Aboubachir Krim, qui peut passer pour le parfait avatar de cette catégorie.

Enfin, certains Méchants, tous affreux jojos qu'ils soient, n'en sont pas moins très bien élevés et adoptent des manières et des styles de vie qui nous les ont fait baptiser les « Raffinés ». Le colonel Chibani, avec sa fine moustache, ses costumes sur mesure et son eau de toilette, incarne parfaitement cette catégorie, à laquelle se rattachent aussi M. de Saint-Amarante, Jacques Brelan ou Patroclas, qui en plus de sa coupe de cheveux signée Rafffaël (avec trois f) affiche une onctuosité aux antipodes de ses noirs desseins.

Le tableau ci-dessous présente une vision synoptique des différentes familles de Méchants en chef. Remarque : les Méchants sont présentés dans l'ordre de leur entrée en scène dans la saga Langelot ; les Méchants récurrents n'apparaissent qu'une fois mais que leur nom figure en caractères gras.



En regardant ce tableau, on constate que la vénalité est le plus grand facteur commun de tous ces individus. Le recours sans discernement à la violence et la folie des grandeurs arrivent en seconde position, quasiment ex aequo. Les « Pros » sont minoritaires (8 sur 29), et surtout concentrés dans la première moitié de la série (années 1965-1975).


LES SECONDS COUTEAUX

Nous avons choisi, pour classifier les Seconds Couteaux, des catégories différentes de celles décrites plus haut. Certes, il existe parmi eux des professionnels, des traîtres, et surtout des gens motivés par l'appât du gain, mais il nous a paru plus judicieux de répartir ces individus selon des critères spécialement adaptés à leur statut subalterne.

Nous distinguerons donc les « Cadres », chefs de bandes, adjoints du Méchant principal, qui peuvent de fait avoir plus d'interaction que ce dernier avec Langelot. Deux exemples type : M. Guerdain, dans Langelot Et Le Gratte-Ciel, qui monopolise l'espace du Méchant aux dépens de son chef Maurice Zauber, et Héloïse Mignon, très présente dans les pages de Langelot Et Le Plan Rubis, alors que le Méchant en chef, Cordovan, ne fait qu'une brève apparition à la fin de l'aventure

Viennent ensuite les « Cruels », pour qui la violence physique (torture ou meurtre) est une seconde nature et pas seulement un moyen de parvenir à leurs fins : Rachid Gouraya, Zaza Morkotny, Héloïse Mignon et ses Carabosses en sont de dignes représentants. Tonton Olivier se rattache lui aussi à ce groupe – sa cruauté étant plus psychologique que physique. « Vous êtes sans pitié », dit Langelot/Jean-Jacques Lissou. « Pitié ? Connais pas ce mot. Tu veux épeler ? », rétorque Olivier57

Pas très éloignés des « Cruels », mais leur étant en général subordonnés, nous trouvons les « Brutes », et puisque nous venons de citer Tonton Olivier, nous ne pouvons pas ne pas évoquer son compère M. Huc.

M. Huc, « cent dix kilos, cent trente de tour de poitrine, soulève son propre poids, ancien catcheur professionnel »58, est la « Brute » par excellence, le premier spécimen et porte-drapeau de cette catégorie, à laquelle nous avons rattaché pas moins de 22 individus. Il incarne jusqu'à la caricature la brute épaisse, que nous retrouverons régulièrement dans la série : Plunkett, Aracaju, Bachi Bouzouk, Eliseo, Eusebio, etc., ont en commun avec M. Huc d'économiser au maximum leurs capacités cérébrales.

Cependant, toutes les « Brutes » ne sont pas des imbéciles, comme le prouvent des personnages comme Guerdain, Rachid Gouraya ou le commissaire Kh'tkorn.

Après avoir évoqué les « Brutes », il n'était que trop tentant d'enchaîner sur les « Truands » et la saga Langelot en contient justement un bon paquet : des petits magouilleurs comme M. Paul aux escrocs comme Mme Cygne, en passant par des crapules de plus haut vol comme Bellil ou Van Boberinghe, sans oublier les chefs de gangs comme Mme Falsope et Leo Knife, ou les petites frappes comme Charlie, Clapan, et consorts.

Autre famille largement représentée, celle des « Techniciens », ceux qu'on pourrait décrire comme les O. S. de la méchanceté. Les « Techniciens » comprennent des gens qui, s'ils avaient été des Premiers Rôles, eussent été classés parmi les « Professionnels » : le sextet Werner-Bonenfant-Piccolimini-Skarford-Leonidopoulos-Sluni de Langelot Fait Le Main, Calaguer, Kh'tkorn… On y trouve également des spécialistes : du crime, comme les deux Carabosses, qui peuvent débattre des qualités respectives des mitraillettes Sten ou Thompson59 ; des transmissions radio comme Albert "Al" Flipot ; du gotha (et de la photo) comme le baron Neuwasser ; des sous-marins comme le commodore Burma… Et puis aussi d'authentiques scientifiques, plus ou moins dévoyés, comme Ledergue, Casarabonela, Brutus, Chapuzeau et Wassermünchen (encore qu'on puisse émettre de sérieux doutes sur les compétences professionnelles des deux derniers).

Plus anecdotiques, mais non négligeables, nous trouvons deux dernières catégories : les « Têtes À Claques », dont le champion incontesté est Orlando Orlandini, et les « Faux Derches », genre dans lequel s'illustrent entre autres Haroun ou Agénor de Bourbons-Valoys.


À noter que nous avons distingué trois personnages en faisant figurer leurs noms sur fond brun. Il nous a semblé qu'il existait chez eux une dimension supplémentaire, non répertoriée dans le tableau. Il y a en effet chez Bomarsund et chez Chapuzeau un côté pathétique – tous deux sont des ratés et en ont pris conscience. Bomarsund, en se suicidant – geste unique pour un Méchant dans la série des Langelot – tente de regagner sa dignité perdue. Chapuzeau se borne à confesser ses fautes et à envisager de passer le reste de ses jours en prison avec une relative sérénité.

Quant à l'herpétologue de Langelot En Permission, la "pioure" Sybil, sa dimension supplémentaire peut se résumer ainsi : elle est totalement chtarbée !


LE SORT DES MÉCHANTS

Sur les 102 Méchants, toutes catégories confondues, la grande majorité s'est retrouvée en prison. Certains, assez rares, ont échappé à tout châtiment : Ali Aman Dadi est resté au pouvoir – à moins qu'une opération de type Barracuda60 n'ait eu raison de lui après les événements décrits dans Langelot Mauvais Esprit. Mr Leo Knife est demeuré un respectable homme d'affaires, et le Dragon Femelle et les deux Boulegogues on dû trouver d'autres mauvais coups à perpétrer, à Miami ou ailleurs. Quant au sénateur Culpepper, certes plus bête que Méchant, commanditaire de plusieurs vrais-faux attentats contre son Président, il s'en tire avec une blessure au petit doigt !

Un certain nombre de Méchants, travaillant sous couverture diplomatique (Ivor, Rudolf Kanar, les Quatre As) ont été expulsés vers leur pays d'origine. Quant à M. Van Boberinghe, le Président Andronymos, dès son retour au pouvoir, l'a fait déclarer persona non grata en Côte d'Ébène.

Restent neufs Méchants qui sont sortis les pieds devant de leur confrontation avec l'agent 222 du S.N.I.F. : Monsieur T, le colonel Chibani, Cordovan, Patroclas, Zaza Morkotny, Daniel Sluni, le général Bomarsund, Damba-Damba et Pablo Calaguer. Les cinq premiers ont succombé à des explosions diverses et variées ; les deux suivants à des blessures par balles (Sluni a été assassiné par ses complices ; Bomarsund s'est suicidé) ; les deux derniers ont eu des fins plus originales : dévoré par les crocodiles pour l'un, noyé dans une soute de pétrole brut pour l'autre.

Le sort de cinq autres Méchants est demeuré incertain : on ignore si le faux colonel Moriol, "M. Timothée" et Riri Qu'Aime-À-Rire ont survécu à leurs blessures, si Sidney a confié Wallace G. Sharman aux tendres soins de ses requins et si M. Paul a pu être secouru à temps par Police Secours (alertée par Langelot) après que ses complices aient tenté de le suicider au gaz.


LANGELOT ET LES MÉCHANTS

Dans les Langelot, un Méchant est un Méchant. On ne trouve, dans la série, aucun équivalent de certains personnages rencontrés chez Georges Bayard – ainsi l'attachant Célestin Poix dans Michel En Plongée61 – qui se révèlent au final plus à plaindre qu'à blâmer. Au mieux, Langelot peut éprouver de l'admiration pour un ennemi, de professionnel à professionnel (le faux Moriol, "M. Timothée", le colonel Chibani) ; à la rigueur une vague pitié (M. Paul, Gilbert Chapuzeau…), mais d'empathie, aucune – ou alors il faut que l'individu prenne conscience de ses erreurs et se réforme, et du coup ce n'est plus un Méchant.

Examinons deux cas précis : Greg (dans Langelot Chez Les Pa-pous), et Edmond Balantinier (dans Langelot En Permission). Greg est faux comme un jeton, obséquieux, lâche, cafardeur et pas bien malin. Edmond Balantinier est un enfant gâté, totalement égocentrique, content de lui, méprisant et même brutal avec sa cousine Mirabelle, bref, une parfaite tête à claques. Et lui non plus n'a pas inventé l'eau tiède.

Mais voilà, Edmond vient à résipiscence – à reculons et entraîné par Mirabelle, mais enfin il y vient. Pas Greg – du reste, Langelot ne lui en donne pas vraiment l'occasion. Car Greg, contrairement aux autres petits délinquants qui composent la bande de chanteurs de Radio-Équipe, est un déserteur, et « pour les gars qui par pure lâcheté refusent de servir leur pays, [Langelot n'a] pas de pitié62. » Or, nous sommes en 1969, la France n'est pas en guerre, et Greg n'est guère plus âgé que Langelot. Il s'agit donc quasi-certainement d'un simple réfractaire au service national63. On comprend que cela puisse choquer Langelot64, lui-même officier, mais de là à exclure Greg de toute possibilité de rédemption…

Langelot est beaucoup plus indulgent envers d'autres militaires ayant failli, comme le sergent-chef Gross65, ancien légionnaire (ah, la Légion !66) expulsé pour avoir cassé la figure d'un officier (mais ce dernier était corrompu, la morale est donc sauve) ou l'adjudant-chef Paturon67, traître à son unité, certes, mais par amour pour son fils – et du reste Paturon aura le bon goût de se tuer, entraînant avec lui Patroclas et Zaza Morkotny.

Le lieutenant Gaston Planacassagne n'est pas, officiellement, un Méchant. C'est un officier loyal, simplement manipulé par le traître Cordovan. Mais c'est aussi – s'il nous est permis d'émettre une opinion – un dangereux imbécile, qui ne voit aucun inconvénient à éliminer quiconque lui paraît un tant soit peu suspect, sous prétexte qu'il en a reçu l'ordre. Pourtant Langelot "oubliera" de rendre compte à ses chefs de la crédulité criminelle de Planacassagne68. Une sorte de solidarité de caste que l'on est en droit de trouver douteuse

Jamais Langelot ne provoque délibérément la mort d'un de ses adversaires. Il blesse (mortellement ?) le faux Moriol, mais c'est pour défendre Corinne ; il piège la valise Pandore et en provoque l'explosion (encore une explosion !), mais Orlando et Grangier ne sont que légèrement blessés ; c'est accidentellement que Calaguer glisse sur une flaque d'huile et finit ses jours dans une cuve de brut.

Philosophie personnelle ? Doctrine du S.N.I.F. (« On ne tue pas un agent ennemi, on l'interroge »69, disait le faux colonel Moriol, espion ennemi mais excellent instructeur) ? Restrictions imposées par la parution en Bibliothèque Verte ? Sans doute un mélange des trois, mais au risque de paraître un peu cynique, je serais tenté de choisir la dernière explication.

Langelot, assez souvent, se borne à laisser les choses suivre leur cours : il est instrumental dans la fin cosmique de Monsieur T, mais ce n'est pas lui qui décide d'éliminer le Méchant. Il lâche l'adjudant-chef Paturon contre Patroclas et Zaza Morkotny, en sachant que ce dernier veut se venger et laver son honneur, mais il n'est pas directement responsable des conséquences. Il se borne à appeler Police Secours lorsqu'il se rend compte que le gaz est ouvert dans l'appartement de M. Paul (dans ce cas précis, on est à la limite de la non-assistance à personne en danger), mais c'est Sourcier qui a commandité la mort du Violacé.

Au final, Langelot n'essaie d'aller contre le destin que dans un cas unique, celui du colonel Chibani, qu'il tente de convaincre de sauver sa vie. Hélas, le plaidoyer du snifien se heurte au sens de l'honneur pointilleux du colonel.


 

1 Sidney apparaît une cinquième fois dans Langelot Mauvais Esprit (1980), brièvement, et il comme il est alors prisonnier du S.N.I.F., il n'est plus qu'un Méchant "titulaire".

2 Le pays dont Ivor et Constanzia Novy sont originaires n'est pas nommé, ni désigné par le code "4584" (qui apparaît dans Langelot Et La Danseuse, 1972). Il semble toutefois logique de conclure que c'est de lui qu'il est question dans Langelot Suspect. En revanche, rien ne permet de déterminer que les espions étrangers de Langelot Agent Secret (le faux Moriol) et de Langelot Et Les Espions ("Monsieur Timothée") aient appartenu eux aussi aux services de 4584.

3 Langelot Et Le Satellite, Bibliothèque Verte N°297, Hachette, 1966, p. 69.

4 Ibid., pp. 83-84.

5 Rappelons qu'à l'époque (1967), il y avait deux Allemagnes. Les événements décrits dans la seconde partie de Langelot Contre Monsieur T se déroulent en R.F.A. (République Fédérale Allemande), dont la capitale était alors Bonn.

6 Qui, en 1967, et à la différence de la France, de la R.F.A. et de l'Italie, ne faisait pas encore partie de la Communauté Économique Européenne (C.E.E.), ancêtre de l'Union Européenne.

7 Il faudrait du reste dire "la" SPHINX, puisque le "S" signifie "Société".

8 Le terme pourrait laisser supposer que la structure est mixte, mais un peu plus loin (p. 10), Sidney s'adresse à ses collègues en leur disant "Messieurs", ce qui semble indiquer que les grands chefs du SPHINX sont tous des hommes. Mme Elephantopoulos, rencontrée dans Langelot Fait Le Malin (1972), est le seul exemple d'agent du SPHINX de rang élevé qui soit une femme – mais quelle femme!

9 Dans Langelot Et Les Cosmonautes (1970), on apprend (p. 151) que le sous-marin s'appelle l'Œdipe. Mais dans Langelot En Permission (1979), le sous-marin a été rebaptisé le Sphinx – à moins qu'il ne s'agisse d'un bateau différent.

10 Nicolae Ceaucescu (Roumanie)

11 Kim Il-sung (Corée du Nord), devenu après sa mort le "Président éternel".

12 Rappelons que Kadhafi arrive au pouvoir à l'issue du coup d'État du 1er septembre 1969 contre le gouvernement du roi Idris.

13 À ceci près qu'il est fortement suggéré dans Langelot Et Les Crocodiles et Langelot Et L'Avion Détourné que le pays de Chibani et la Côte d'Ébène sont proches et auraient même une frontière commune, ce qui n'est évidemment pas le cas de la Libye et de la Côte d'Ivoire, distantes d'au moins 3 000 km.

14 Les paragraphes concernant les Méchants récurrents reprennent et synthétisent des informations qui peuvent déjà figurer dans les fiches consacrées aux Méchants et classées par titres (voir plus haut). J'ai aussi repris certains commentaires initialement rédigés pour le forum du site Livres d'Enfants (http://livres-d-enfants.conceptbb.com/forum).

15 Langelot Contre Monsieur T (1967). Les autres tomes de la trilogie sont Langelot Pickpocket (1967) et Une Offensive Signée Langelot (1968).

16 Langelot Contre Monsieur T, Bibliothèque Verte N°334, Hachette, 1967, p. 127.

17 Langelot Pickpocket, Bibliothèque Verte N°338, Hachette, 1967, p. 25.

18 Rappelons qu'au début 1968, date de sortie de Une Offensive Signée Langelot, le centre de Reggane, dans le Sahara, lieu à la fois des expérimentations atomiques françaises (transférées à Mururoa après 1961) et de lancement de fusées, était fermé depuis trois ans. Le premier satellite français, Astérix, lancé du centre d'Hammaguir, toujours en Algérie (à 120 km au sud-ouest de Béchar, anciennement Colomb-Béchar) par une fusée Diamant, le 26 novembre 1965, pesait 42 kg. Il tourne toujours au-dessus de nos têtes. Le centre d'Hammaguir a été évacué en 1967.

19 Une Offensive Signée Langelot, Bibliothèque Verte N°353, Hachette, 1968, p. 161.

20 Dans Langelot Contre Monsieur T et Langelot Pickpocket, Monsieur T est présenté comme cul-de-jatte. Dans Une Offensive Signée Langelot, il est unijambiste (« Il a perdu une jambe et l'usage de l'autre », p. 162).

21 Une Offensive Signée Langelot, op. cit., p. 13.

22 Ibid., p. 245.

23 Il semblerait donc que Monsieur T, et non pas un usurpateur nommé Jean-Loup Chrétien, ait été le premier Français dans l'espace – et de plus il y a passé "des mois" ! Rappelons qu'en 1968 (date de parution), le record de durée dans l'espace appartenait à Gemini 7, un vaisseau de 3,7 tonnes, avec deux hommes d'équipage (Frank Borman et Jim Lovell), qui était resté en orbite pendant 13 jours, 18 heures, 35 minutes et 1 seconde, en décembre 1965.

Il faudra attendre l'année 1973, et la mission Skylab 3, pour que trois hommes (Alan Bean, Jack Lousma, Owen Garriott) dépassent le mois en orbite, avec 59 jours 11 heures 9 minutes et 4 secondes. Leur vaisseau Apollo de 20 tonnes avait été lancé par une fusée Saturn I-B ; quant à la station Skylab elle-même, elle avait été placée en orbite par la fameuse Saturn V, conçue pour envoyer des hommes sur la Lune ; un monstre de 110 mètres de haut, qui demeure à ce jour le plus gros, le plus grand et le plus puissant lanceur ayant jamais existé.

Autrement dit, Monsieur T était très fort, car il est parvenu à piquer aux Américains une de leurs fusées et un de leurs vaisseaux Apollo, à les transporter dans le Sahara, à les lancer à partir d'installations prévues pour la fusée Centaure (haute de 6 mètres!), tout cela sans se faire remarquer, et sur une seule jambe !

24 Notons qu'il existe un doute sur le sort du faux colonel Moriol (Langelot Agent Secret) et de "Monsieur Timothée" (Langelot Et Les Espions). Tous deux sont blessés par balles ; survivent-ils ou non, c'est à l'imagination du lecteur de le décider… Sur les six Méchants récurrents, seul Sidney est capturé vivant. Les cinq autres meurent de façon violente et pareillement explosive : Monsieur T est réduit en poussière cosmique avec son satellite ; le colonel Chibani est victime d'un tir de roquettes ; Cordovan meurt lorsqu'une bombe détruit son hélicoptère ; Patroclas et Zaza Morkotny sont tués par une grenade.

25 Langelot Et L'Inconnue, Bibliothèque Verte N°363, Hachette, 1968.

26 Signalons qu'en arabe algérien, "chibani" signifie "vieux", "ancien", et qu'en argot militaire, il qualifie un soldat très aguerri.

27 Comme le font les auteurs d'autres pages Internet consacrées à la série, en anglais et en français :

http://www.coolfrenchcomics.com/langelot2.html

http://lebrun.pagesperso-orange.fr/bd/bverte/langelot.html

28 Langelot Et L'Inconnue, op. cit., p. 208 ;

Langelot Et Les Crocodiles, Bibliothèque Verte N°386, Hachette, 1969, p. 248.

29 Langelot Kidnappé, Bibliothèque Verte, Hachette, 1975, pp. 182-183.

30 Ce qui donnerait probablement, en version originale, "Sidney the Jelly".

31 Langelot Et Le Plan Rubis, Bibliothèque Verte, Hachette, 1977, p. 72

32 Ibid., p. 21.

33 Aviation Légère de l'Armée de Terre.

34 Le Deuxième Bureau de l'État-Major, chargé du Renseignement militaire, a été créé après la guerre de 1870. Il a cessé officiellement d'exister en 1944, remplacé par la DGSS (Direction Générale des Services Spéciaux), puis par le SDECE (la Sdèke), en 1946, avant d'être renommé DGSE en 1982. Dans les armées affiliées à l'OTAN, la section de l'État-Major chargée du renseignement s'appelle communément G2.

35 Langelot Sur L'Île Déserte, Bibliothèque Verte, Hachette, 1977, pp 185-186.

36 Langelot Et Le Plan Rubis, op. cit., pp 166-176.

37 « Tu oublies que j'ai moi-même été un officier du Deuxième Bureau et que je le serais encore probablement si quelqu'un avait eu l'idée de me nommer général », dit Cordovan à Langelot dans Langelot Gagne La Dernière Manche (1980). À noter que ce grade de général, que 4584 était tout disposé à lui offrir, Cordovan l'avait refusé : « J'ai trouvé plus amusant de rester capitaine, et de faire tout de même trembler les généraux. » (Langelot Passe À L'Ennemi, p. 84).

38 Langelot Passe À L'Ennemi, Bibliothèque Verte, Hachette, 1978, p. 66.

39 Ibid., p. 150. Mais rira bien qui rira le dernier, ou plutôt la dernière : la jeune femme en question était un agent infiltré par la section Renseignement du capitaine Aristide auprès de Cordovan.

40 Au début des années 70, Alain Delon aurait pu, sans trop se forcer, interpréter un Cordovan plus vrai que nature…

41 Langelot Gagne La Dernière Manche, Bibliothèque Verte, Hachette, 1980, p. 181.

42 Langelot Aux Arrêts De Rigueur, Bibliothèque Verte, Hachette, 1984, p. 88.

43 Laine tirée de la vigogne.

44 L'acronyme BING signifie "Bataillon d'INtervention Générale". Il est commandé par le général de Rougeroc, qui dans Langelot Et Les Crocodiles a le grade de général de brigade (deux étoiles), le premier grade d'officier général dans l'armée de Terre. C'est sans doute par erreur que dans une illustration de Langelot Donne L'Assaut (p. 20), Robert Bressy orne les épaulettes de Rougeroc des quatre étoiles de général de corps d'armée.

45 L'île (fictive) d'Ouboubou est apparue dans Langelot Sur L'Île Déserte (1977). D'après le colonel Lorrain, elle fait partie des Marquises et est située à 9° de latitude sud par 182° de longitude ouest (Langelot Et Le Commando Perdu, p. 40), ce qui est idiot car une longitude ne peut dépasser 180°! Quant à l'archipel des Marquises (15 îles dont Hiva-Hoa, où reposent Jacques Brel et Paul Gauguin), il est situé autour des 9° sud, 139°30' ouest.

46 Langelot Fait Le Singe, Bibliothèque Verte, Hachette, 1974.

47 Langelot Contre Six, Bibliothèque Verte N°372, Hachette, 1968.

48 Langelot Donne L'Assaut, Bibliothèque Verte, Hachette, 1985, p. 83.

49 Langelot Donne L'Assaut, op. cit., p. 150.

50 Nous n'avons trouvé que trois Méchantes chez Bayard ; elles sont plus nombreuses chez Bonzon, mais ce sont surtout des femmes de Méchants.

51 Langelot Et Le Plan Rubis, Bibliothèque Verte, Hachette, 1977, p. 78.

52 Langelot Et Les Exterminateurs, Bibliothèque Verte, Hachette, 1973, p. 49.

53 Langelot Kidnappé, Bibliothèque Verte, Hachette, 1975, pp. 32-33.

54 Langelot Fait Le Malin, Bibliothèque Verte, Hachette, 1972, p. 39.

55 Ibid., p. 38.

56 Encore que la secrétaire, en volant le laser français, ait causé la mort d'un gardien (cf. Langelot Contre Six, op. cit., p. 191).

57 Langelot Et Le Satellite, op. cit., p. 46.

58 Ibid., p. 56.

59 Langelot Et Le Plan Rubis, op. cit., p. 160.

60 Nom de code de l'intervention française en Centrafrique en vue de déposer Bokassa Ier, le 21 septembre 1979.

61 Michel En Plongée, Bibliothèque Verte N°259, Hachette, 1967.

62 Langelot Chez Les Pa-pous, Bibliothèque Verte N°403, Hachette, 1969, 241.

63 Dont la durée en 1969 était de seize mois ; elle sera ramenée à un an par la loi du 9 juillet 1970.

64 Rappelons-nous aussi le cas de Jojo, le fiancé de Thérèse Proutier, réformé grâce à des certificats médicaux douteux, envers qui Langelot ne cache pas son mépris (Langelot Suspect, pp. 188-189).

65 Langelot Et L'Inconnue, op. cit.

66 Langelot Et L'Inconnue, op. cit., p. 37 : « Langelot avait, pour les légionnaires, le respect instinctif de tout militaire. »

67 Langelot Donne L'Assaut, op. cit.

68 Langelot Sur L'Île Déserte, op. cit., p. 187.

69 Langelot Agent Secret, Bibliothèque Verte N°284, Hachette, 1965, p. 229.

 

 

 




 

LANGELOT AGENT SECRET

 

 

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LANGELOT CONTRE MONSIEUR T.

 

 

LANGELOT PICKPOCKET

 

 

UNE OFFENSIVE SIGNÉE LANGELOT

 

 

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LANGELOT ET LE SOUS-MARIN JAUNE

 

 

LANGELOT MÈNE LA VIE DE CHÂTEAU

 

 

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LANGELOT ET L'AVION DÉTOURNÉ

 

 

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LANGELOT SUR LA CÔTE D'AZUR

 

 

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LANGELOT SUR L'ÎLE DÉSERTE

 

 

 

Dernière mise à jour David Minger / Livres d'enfants le mercredi 15 aout 2014

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