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Clan de sept
Le clan des sept Sreekrishnan SRINIVASAN
Voici un court article rédigé par Sreekrishnan Srinivasan, inspiré des discutions sur cette série des membres du groupe Yahoo Blyton.
Le Clan des Sept ! Cette série de quinze romans a été l’objet d’un mépris et d’un rejet en bloc chez la majorité des lecteurs qui pourtant sont fans d'Enid Blyton. Pourquoi donc cette bande composée de quatre garçons, de trois filles et d'un chien excite-t-elle un dégoût aussi vif ?
Bon, j’ai sans doute exagéré ! Il n’en reste pas moins que le clan des sept est sans doute l'une des séries les moins plébiscitées qui soit jamais née de la plume d'Enid Blyton. Cela est-il dû à la taille des polices plus petite par rapport à celle d’autres livres du même auteur ? Ou bien parce que ces livres étaient destinés aux plus jeunes lecteurs ? Ou encore en raison de l'autoritarisme dont fait montre Pierre qui ne permet jamais la moindre entorse aux rites du clan ? Quoi qu’il en soit, tout le monde, parents, professeurs et libraires, s’acharne contre cette série.
Examinons maintenant les raisons pour lesquelles la « mayonnaise » ne prend pas.
Le portrait des personnages :
Pierre : le chef du CdS, la parole de Pierre fait loi. C'est lui qui en règle générale choisit les mots de passe. Il faut également signaler qu'il s’en souvient toujours, contrairement aux autres membres ! Je dirais même que, pour contrarier Pierre, il n’y a pas plus simple : oublier le mot de passe ou l'insigne du clan (les autres y manquent rarement !). Les réunions secrètes ont lieu dans une vieille remise au fond du jardin de Pierre, à quelque distance de la maison d'habitation des Dufour.
Jeannette : la soeur de Pierre. Possède l'autre « moitié » de Moustique, l'épagneul mordoré. Mériterait un rôle plus important. Il se révèle qu'elle fait preuve de plus d’intelligence que les deux autres filles du club (dans « le clan des sept et les bonshommes de neige », c'est elle qui pense à relever des traces de pneu de voiture imprimées dans la neige tandis que Pam et Babette se contentent de se moquer d'elle). À mon avis, c'est même pour cela qu'elle n'est pas aussi souvent prise de crises de fous rires que les deux autres filles : n'est-elle pas tout le temps sous la férule de son frère ?
Jacques : Pierre et Jacques font presque toujours équipe. Se charge de diriger le clan en l'absence de Pierre (bien que les livres n'y fassent pratiquement aucune allusion). Parfois c’est un garçon assez crédule. Dans « le clan des sept à la grange-aux-loups », il gobe une histoire inventée de toutes pièces par sa soeur Suzie et ses amies. Ce qui n'empêche pas Jacques d'être un brave garçon très droit et très fidèle.
Pam : Prompte à se transformer en fontaine chaque fois que Pierre lui hurle dessus. La seule fois où elle se distingue, c'est lorsqu'elle interviewe sa grand-mère dans « L'avion du clan des sept ». Inutile de dire que c'est la meilleure amie de Babette.
Babette a souvent des rires bébêtes ! Rit niaisement, pousse des cris aigus et perçants à tout bout de champ. Comme le dit Michael Edwards, Pam et Babette auraient dû naître jumelles, tant elles se ressemblent. C'est sans doute pour cela que Jeanne Hives montre Pam avec deux nattes qui lui tombent sur la nuque, alors que Babette laisse ses cheveux — et quels cheveux ! — épars sur ses épaules !
Colin : Plus intrépide que Georges, Colin fait souvent des découvertes sensationnelles. A titre d'exemple, dans « Le clan des sept va au cirque », c'est lui qui repère, du haut d’un arbre, un prisonnier évadé. Signalons au passage qu’il oublie le livre sur les navires (prêté par Monsieur Dufour) à l’intérieur d’un trou de leur maison dans l’arbre et qui va le chercher en pleine nuit (cf : « Bien joué, clan des sept ! »).
Georges : Peut se faire passer pour Colin à l'occasion. Les deux compères ont tous les deux la même voix, si bien que même Pierre n'arrive pas à les reconnaître l'une de l'autre. Georges a été obligé de quitter le clan dans « Un exploit du clan des sept » après avoir été surpris en train de prendre un vieillard en filature, une matraque en caoutchouc à la main. Nous savons également que son père n'aime pas les « fortes têtes » et qu'il élève très strictement son fils.
Moustique : N'ayons garde d'oublier l'épagneul du Clan des Sept ! Pierre le qualifie de « resquilleur » lors d'un des exploits du Clan mais, en réalité, son aide est bien plus précieuse que celle des vrais membres. Si vous aviez vu la tête que faisait Moustique le jour où il avait été élu membre du clan après la démission de Georges !
Les livres :
L'ennui avec les livres sur le clan des sept, (je parle des éditions anglaises), c'est que les titres prêtent à confusion. Pour ma part, je me les rappelle presque tous, sans doute parce que je les ai lus et relus des dizaines de fois au cours des 25 dernières années. A toutes fins utiles, vous pouvez très bien modifier les titres entre eux de manière aléatoire et même ainsi vous vous apercevrez que le titre d'un volume peut très bien convenir à un autre sans pour autant que le lecteur perde le fil de la cohérence sérielle. D'après Michael Edwards : « Bien que les titres américains n'aient rien de traditionnellement blytonien, (en tant qu'Australien, je ne possède que les éditions britanniques), je dois dire qu'ils renseignent le lecteur sur le contenu des histoires, tandis que les titres originaux (ceux-là même qu’Enid Blyton a choisis) se contentent le plus souvent de féliciter les membres du clan des sept de leurs exploits. » Dans le premier titre de la série (« The Secret Seven ») en VO (non traduit en France), il est question, à un certain endroit du récit, d’un garçon handicapé que les Sept aident à envoyer au bord de la mer en faisant une collecte. Par la suite, nous n’entendons plus jamais parler de cet ingrat qui a sans doute décidé de ne jamais revenir ! Les animaux jouent un rôle primordial dans plein de livres du clan des sept. Des chevaux (Le clan des sept et les bonshommes de neige, Le cheval du clan des sept), un chaton (Bien joué clan des sept), des chiens (Surprise au clan des sept, Un exploit du clan des sept) et même tout un cirque (Le clan des sept va au cirque) : tout y est ! Des chevaux de selle font leur apparition dans « Le clan des sept à la rescousse ». Si on lit bien les aventures du clan des sept, on s'aperçoit que ces enfants ne sont pas dépourvus du sens de l’humour, comme on a voulu le faire croire. Colin est l’un des farceurs de la bande : ne compose-t-il pas un poème très drôle mais pas très flatteur sur Nicole, la meilleure amie de Suzie ? Il « éclate de rire » en racontant la scène de la femme de ménage de sa grand-mère qui se laisse tomber sur une chaise où justement il avait posé son sac d’oeufs ! Pourtant, c’est Suzie qui nous fait rire à gorge déployée, souvent aux dépens de Pierre. Cette fine mouche, effrontée à l’extrême et curieuse en diable, qui déborde d’idées saugrenues et dont la langue est trop longue, nous montre qu’elle n’est jamais à bout de ressources. La série du clan des sept sert à mon avis de tremplin aux jeunes lecteurs pour découvrir une nouvelle série d’aventures pour adolescents. Dans « Le clan des sept à la grange-aux-loups » Suzie et ses copains fondent un club qu’ils baptisent… « Club des Cinq ». Ensuite, dans « Le clan des sept et l’homme-de-paille », Colin entre dans la grotte du clan des sept en trébuchant sous le poids de sa collection du Club des Cinq. Et, toujours dans la même histoire, un des titres (Le club des cinq va camper) de la série disparaît. N’est-ce pas là une façon subtile d’inciter les petits à s’intéresser au Club des Cinq ? A la différence d’autres séries blytonniennes, les membres du clan des sept ne vieillissent pas du tout. Il est vrai qu’on ne fait jamais mention de leur âge. Cependant, dans la série des Cinq Détectives, les personnages prennent de l’âge au fil des histoires. La voix de Fatty commence à muer dans « Le mystère du collier de perles » Les Cinq, eux aussi, grandissent à mesure que la série s’avance. L’âge des amis du club des cinq est toutefois passé sous silence à partir du Xe titre, car autrement, ils seraient arrivés à l’âge des adultes à l’issue de leur toute dernière aventure ! Quant à Claudine (pardon, Claude !), elle aurait été obligée de faire l’impossible pour continuer à passer sa vie en short et en chemise ! J’ai donné 10 ans aux membres du clan des sept, parce qu’ils jouent à nain jaune et qu’ils se promènent à vélo mais aussi parce qu’ils ne vont jamais camper tout seuls. Les visages des jeunes héros, tels que dessinés par l’illustratrice, sont enfantins. Les garçons portent le classique uniforme avec casquette, veste-blazer, cravate et culotte courte. Les filles portent également des vêtements d’école : manteau, jupe avec ceinture, chemisier blanc, béret basque. L’une des grandes déceptions de cette série vient de l'absence d'originalité du scénario. L’action de deux titres (« Surprise au clan des sept » et « Un exploit du clan des sept ») se déroule autour de chiens volés. « Un exploit du clan des sept » met en scène des chiens de race volés. Malgré leur jeune âge, les héros du Clan des Sept sont souvent à l’origine d’actions dignes d'éloges. Ils s’envolent au secours des gens dans l’embarras : ne réhabilitent-ils pas un vieux jardinier et sa femme ? n’aident-ils pas à chercher une écolière disparue ? ne dénichent-ils pas les médailles volées d’un garde-champêtre à la retraite ? ne se mettent-ils pas en quatre pour venir en aide à un cheval malade et à son maître ruiné ? Quand donc les Cinq ont-ils fait quoi que ce soit de louable ? Le Club des Cinq a beau donner un coup de main aux gens dans la gêne, trouver des tas de trésors, c’est plutôt au hasard qu’il doit ses succès. Même si les Sept ne sont ni aussi sophistiqués que le Club des Cinq ni aussi intellectuels que les Cinq Détectives, ils attirent la sympathie grâce à leurs « bonnes actions », ce qui rend ces personnages attachants. Si, donc, vous avez une demi-heure à tuer, n’hésitez pas à vous rabattre sur un « Clan des Sept » : vous ne le regretterez pas !
Sreekrishnan SRINIVASAN, juin 2005
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