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 Le Club

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des cinq

 

POPULARITÉ DU CLUB DES CINQ AUJOURD' HUI

Extraits du mémoire concernant la popularité, et la pérennité du club des cinq

 

On peut se poser une question : que reste-il de la popularité de l'oeuvre d'Enid Blyton, et en particulier du célèbre "Club des cinq" ?
Cela fera bientôt 40 ans que le dernier titre de la célèbre série est paru. Le monde a considérablement changé...  et les enfants ont suivi, ou subi, cette vertigineuse évolution. Je ne prendrai pas le parti de savoir si c'est un bien ou un mal. La littérature pour enfant a beaucoup changé. Elle suit de beaucoup plus prés les préoccupations des enfants, et colle au monde actuel. Mais dans le même temps, les enfants lisent beaucoup moins, et la BD a détrôné le roman.

Le fossé s'est creusé entre ceux qui lisent régulièrement et les autres. 

Amélie Méllier a soutenu récemment un mémoire ayant pour sujet le Club des cinq.
Il en ressort un certains nombre de faits qu'il convient de prendre en compte, et qui éclairent le sujet d'un regard nouveau.

A l'aide d'extraits, en espérant respecter leur esprit, nous allons tenter d' éclaircir le sujet...


Serge

 

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Amélie Mellier

*

Les textes mis en rouge le sont de mon fait.
Les textes en
bleu sont de l'auteur du site.
Les textes en noir et en rouge sont d'Amélie Mellier
Serge

 

 

Reprenons, en tête de ce travail, la citation choisie par Amélie, qui est une très belle introduction :

« Aimer lire c’est faire l’échange des heures d’ennui que l’on doit avoir en sa vie contre des heures délicieuses »

Montesquieu

 

Lecture plaisir

 

 ...Il est donc certain qu’il faudrait promouvoir « la lecture plaisir » pour faire en sorte que le temps que l’enfant passe avec son livre soit un moment de bonheur. Pour cela il faudrait que l’enfant aime son livre et avant tout qu’il le choisisse pour que la lecture ne soit pas vue comme une contrainte. Or tous les livres ne rebutent pas les enfants et tous les enfants ne détestent pas la lecture, de plus il existe des ouvrages qui sont plébiscités par les enfants et on peut observer de véritables phénomènes de société autour de certaines séries. Lecture facile ? Ersatz de lecture ? Toujours est-il que l’on ne peut pas ignorer le succès que connaissent certaines séries littéraires. Certains critiques les détestent et refusent même de les ranger dans la catégorie de la littérature de jeunesse tant ils les trouvent vaines. Pour certains, les séries littéraires enfantines enferment les jeunes lecteurs dans la facilité et leur ferment l’accès à la « vraie littérature », pour d’autres, au contraire, elles les familiarisent avec le livre et leur donne le goût de lire.

Mémoire, page 2

 

Bien sûr, je me range dans la catégorie du public, qui considère que la lecture de livres comme ceux d' Enid Blyton entraîne à lire, favorise le goût pour la lecture, et ne borne nullement l'enfant dans ses choix littéraires. Les témoignages sont nombreux dans ce sens.

 

Choix du "Club des cinq"

 

Ayant été moi-même lectrice de ces séries quand j’étais petite, j’ai voulu me pencher sur leur succès et sur leur longévité. Quels sont les ingrédients qui font que certaines séries littéraires sont toujours populaires depuis plusieurs générations ? A quoi tient leur succès ? Comment perdure-t-il ? J’ai choisi de me concentrer sur Le Club des Cinq car sa longévité me semblait exemplaire. En effet, il a fait son apparition en France en 1955 et est encore réédité aujourd’hui. De plus son auteur, Enid Blyton, spécialement connue pour ses différentes séries, peut être considérée comme un des auteurs les plus célèbres des auteurs de séries. De ce fait la série Le Club des Cinq d’Enid Blyton me paraît la plus à même d’être étudiée puisqu’elle est connue de tous et fait toujours parler d’elle aujourd’hui.
Mais ce choix compte aussi des raisons beaucoup plus personnelles. En effet cette série m’a accompagnée durant plusieurs années lorsque j’étais enfant et m’a réellement donné le goût de lire et l’envie de dévorer tous les livres que je croisais. Je pensais donc qu’il en était de même pour tous les enfants de toutes les générations.

Mémoire, page 2-3

 

Premiers constats

 

 

Cependant je n’eus pas à attendre longtemps avant de m’apercevoir que cette série n’avait plus le même succès qu’il y a vingt ans, qu’elle avait vieilli et surtout que les séries pour enfants s’étaient diversifiées. La série fit son apparition en France en  octobre 1955, dans la Collection Ségur-Fleuriot, c’est en 1958 qu’elle a rejoint la Bibliothèque Rose. Un million d’ouvrages fut vendu durant les deux premières années. Les aventures de François, Mick, Annie, Claude et son chien Dagobert ont passionné des millions d’enfants dans le monde entier, et leurs aventures sur fond de bord de mer et d’amitié sont encore lues aujourd’hui. Enid Blyton est un des auteurs les plus traduits

 

Mémoire, page 3

 

 

Avant D'aborder les questions sur le "Club des cinq", il fallait connaître les lectures des enfants. Amélie a donc posé la question :

Le portrait du jeune lecteur

Que lisent les enfants


En ce qui concerne le type de lecture préféré, la première question nous montre que les bandes dessinées sont très fortement plébiscitées par les enfants. Sur 150 enfants interrogés, 120 déclarent que les bandes dessinées font partie de leurs lectures préférées. Toutefois ces 120 enfants ne déclarent pas lire que des bandes dessinées. Il était en effet précisé qu’ils pouvaient cocher plusieurs cases.

Bandes dessinées
Romans
Magazines
Livres dont tu es le héros
120
73
44
41

 

Mémoire, page 45


Amélie nous précise qu'aujourd'hui, aucun genre littéraire  ne se détache nettement, (malgré une tendance pour les monstres, les sorcières et les extraterrestres), Il n'y a plus d'auteur ni de série dépassant en succès tous les autres. Chacun trouve dans la multitude d'ouvrages publiés celui qui lui convient. Aucune mode ne s'affirme réellement.

 

Ou lisent les enfants

 

On voit que les enfants lisent en grande majorité chez eux et seuls, ils sont donc très peu accompagnés dans leur lecture puisque seulement 17 enfants déclarent lire en compagnie de leurs parents. 
La lecture reste réellement pour eux une activité solitaire. Ceci est renforcé par le fait que quasiment tous les enfants, environ 95%, déclarent lire le soir dans leur chambre avant de s’endormir.

Soulignons que la lecture a toujours été un plaisir solitaire. C'est ainsi que j'aimais lire. Et si je m'étais retiré dans un coin, bien installé, ce n'était pas pour rester seul, mais pour retrouver mes amis de papier. Avec eux, j'étais plus libre, je pouvais vivre des choses impossibles dans la vie de tous les jours... Sans danger... le livre refermé, j'étais sauf !

 

 

 

Mémoire, page 46-48

 

A la maison tout seul
A la maison avec les parents
A l'école
A la bibliothèque
Ne se prononcent pas
133
17
20
9
2

Comme précédemment les enfants avaient la possibilité de cocher plusieurs cases, c’est ce qui explique que le total ne soit pas égal à 150. On remarque tout de même l’écart entre les résultats

 

Mémoire, page 47

 

Connais-tu le Club des cinq ?

Grave question, que nous attendions depuis longtemps... Nous, amateurs passionnés, qui avons connu le Club des cinq au sommet de sa gloire, allons sans doute déchanter au vu des réponses des enfants. 

Beaucoup de gens m’avaient prévenue mais je restais persuadée que les enfants lisaient aujourd’hui autant Le Club des Cinq que je l’avais lu dans mon enfance. En fait, très peu d’enfants le lisent et un grand nombre n’en  connaît même pas l’existence. Seulement 51 enfants, soit un tiers des enfants interrogés, connaissent la série.

On peut voir que seulement 28 enfants ont déjà lu Le Club des Cinq au moins une fois dans leur vie et que seulement treize d’entre eux disent en lire encore. Sur 150 enfants il n’y en a que treize qui peuvent se dire, aujourd’hui, lecteurs du Club des Cinq.


Mémoire, page
50-51

 

Enfants ne connaissant pas la série 99
Enfants connaissant la série 51
Et ayant lu au moins un ouvrage 28
Mais ne l'ayant jamais lue 23

 

Mémoire, page 50

 

La moitié des enfants qui connaissent la série l’ont connue par l’intermédiaire de leurs parents, si on y ajoute ceux qui l’ont connue grâce à leurs frères et sœurs on approche les 60%. On voit ici que pour une grande majorité la transmission du Club des Cinq vient de d’un lien affectif ; c’est parce que les parents ou les grands frères ont aimé lire ces aventures que les enfants les connaissent et les lisent. On note d’ailleurs que cette proportion augmente chez les enfants lecteurs, 64.2% des enfants qui ont lu la série ont été « initiés » par leurs parents (ou grands-parents) et 71.4% l’ont été par leurs parents ou leurs frères et sœurs.

Si les enfants découvrent peu la série par eux-même on peut penser que celle-ci est peu mise en valeur dans les écoles et les bibliothèques et cela est certainement dû à sa mauvaise réputation. Ces chiffres nous montrent que Le Club des Cinq est une « littérature » de distraction uniquement. D’ailleurs la bibliothèque municipale de Frontignan ne possède qu’un seul ouvrage du Club des Cinq. La bibliothécaire m’a, à ce sujet, précisé que leur but était de faire lire autre chose aux enfants. On peut également penser que ces ouvrages sont peu mis en valeur dans les librairies et que les enfants ne les voient pas obligatoirement quand ils s’y rendent. De fait, je suis allée faire une petite enquête à la FNAC de Montpellier et j’ai remarqué que les ouvrages du Club des Cinq se trouvait dans des bacs, et non sur les étagères, à même le sol. Un enfant qui cherche un livre sans savoir ce qu’il cherche exactement a de grandes chances de pas les voir. Chez Sauramps, en revanche, la série est rangée sur les étagères avec le reste de la bibliothèque rose. J’ai eu un bref entretien avec la personne chargée du secteur jeunesse du magasin et celle-ci n’a pas pu me donner de chiffre mais m’a affirmé que Le Club des Cinq avait toujours du succès.

 

Mémoire, page 51

 

A la question que je me  posais, de savoir si les lecteurs du club des cinq deviendraient les "sous-doués culturels" de demain, ainsi que le prédisaient certains critiques, l'étude d'Amélie l'amène a écrire ceci : 

On constate que les lecteurs du Club des Cinq ne sont pas les illettrés de demain. Au contraire se sont des enfants curieux, aux lectures variées, à qui, le plus souvent on a transmis l’amour de la lecture. En parlant à leurs enfants de leurs lectures d’enfance les parents ne leur ont pas seulement fait connaître une série, ils leur ont transmis leurs souvenirs, une part de leur histoire.

 

Mémoire, page 59

 

 

En manière de conclusion, Il ressort que le "Club des cinq" se transmet de parents à enfants, de grand frère ou grande soeur vers les plus petits, et j'ajouterai, à titre personnel, entre grands et petits cousins...
On les redécouvre aussi dans les greniers, les bibliothèques, et parmi les livres d'occasion.
Je crois pouvoir affirmer qu'en Angleterre, pays de leur naissance, les livres du Club des cinq, malgré la concurrence, on encore un grand succès ! 
Que faudrait-il pour redonner gloire et prestige à ces livres qui en valent bien d'autres ?

Sans doute qu'ils soient plus attrayants, qu'ils ressemblent à de vrais livres, illustrés de pages couleur. Qu'on ne les modernise pas, mais qu'on les montre comme des histoires passionnantes ayant pour cadre les années 50-70.

Qu'on rediffuse, (malgré les réserves qui s'imposent concernant leur adaptation !) les séries télévisées du Club des cinq, surtout la version la plus récente...

Qu'on en parle, enfin, pour qu'on les redécouvre.

 

 

 

Enquête,  commentaires et tableaux, sont extraits du mémoire d' Amélie Mellier

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