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Les vieilles femmes
dans les "Club des cinq".

 

Dans la série du "Club des cinq", des personnages de vieilles femmes malheureuses apparaissent dans plusieurs volumes.Il s'agit toujours de femmes seules, exerçant des taches ménagères sans gloire, entourées d'hommes brutaux, rustres, et dépourvus de cœur.
Elles sont façonnées par leur situation, et ne sont pas toujours aimables de prime abord.
Dans "Le club des cinq en randonnée", la vieille femme sourde apparaît ainsi, vue par la fenêtre de la vieille bicoque :
... une vieille femme qui semblait repriser, la tête penchée sur son ouvrage.

Image du bonheur ?
Quelque lignes plus loin, on lit :
"vous ne pouvez pas rester ici, ...Mon fils n'y tolère personne. Il a un sale caractère, voyez -vous..."

Puis encore :
"partez, cria la vieille, visiblement terrorisée à l'idée de voir surgir son fils."

Vieillesse triste d'une femme dont le fils a mal tourné, et dont on devine que la vie n'est pas rose.
Dans "Le club des cinq en péril, La situation est encore plus explicite .
Lorsque les enfants arrivent à la "taverne de la chouette", ont voit, derrière "la bosse" :
Une femme, maigre, mal vêtue, l'air malheureux.

Margot, c'est son nom, vit dans la terreur des bandits qui l'entourent. Tous sont cruels et sans scrupules !
Mais "la bosse" est son mauvais ange, celui qui lui parle durement.
M. Bertaud ne vaut guère mieux :
L'homme l'écarta brutalement. "Décampe, dit-il, et tiens ta langue, compris ?"

Et Margot , plus loin, dit à François, qui évoque la présence de Mick dans la "Taverne de la Chouette" :
M. Bertaud me battrait s'il savait que vous avez dit une chose pareil .

Ainsi vit-elle dans la crainte des coups et des mauvais traitements. On lève la main sur elle, on la menace d'un tisonnier !
Et lorsque la pauvre femme apprend la venue de "Julot", le plus dangereux de tous, on nous dit que :
Margot s'était mise à trembler.
Mais Margot est sensible à la gentillesse des enfants, et quand ils lui donnent l'argent reçu de M. Bertaud, sa reconnaissance s'exprime enfin :
"comme vous êtes bons, murmura la pauvre femme ! Oh, je vous remercie bien ."

Sous une apparence encore revêche, Margot se transforme, ou plutôt renaît la femme qu'elle avait sans doute été :
Un nouveau sourire qui transforma son visage
, lit-on !
"Vous êtes de bons enfants", dit Margot.
Quel contraste avec ceux qui l'entourent au quotidien !
Margot rayonnait. Il était évident que, depuis des années, personne n'avait du adresser un compliment où un mot aimable à la pauvre femme.

Dans "Le club des cinq et les papillons", déjà, le décor nous prépare :
La maison d'habitation semblait sur le point de s'écrouler, ...Deux carreaux cassés sur la façade, et des tuiles tombées du toit dans la cour.
Jeanne est présentée ainsi :
Une femme âgée, l'air revêche, peu soignée.

On ne peut que penser à la chanson d'Aznavour "tu t 'laisses aller !"
Que le malheur s'installe, et le désintérêt des gens, et on néglige sa tenue,
son hygiène !
Enid Blyton nous montre souvent les pauvres, lorsqu' ils sont miséreux, portant leur déchéance sur leur visage, leurs vêtements, leur caractère.
"Ah ! qu'elle me déplait !", murmura Annie...

Car même les victimes inspirent le dégoût.
Et lorsque les enfants veulent donner un peu d'argent à Jeanne, elle réagit comme la vieille femme du "Club des cinq en randonnée" :
Allez-vous ! en gémit-elle en levant les bras au ciel. Mon fils va revenir bientôt. Il ne veut pas voir d'étrangers ici. Partez vite !

Mais comme les enfants insistent, Jeanne dit :
"Vous êtes bons, murmura-t-elle. Oui, vous êtes bons ! Partez vite et ne revenez plus ici. Mon fils est un méchant homme".

Jeanne, cette fois, s'exprime comme Margot dans "Le club des cinq en péril".
Les patrons de Jeanne ne sont pas des bandits, mais des égoïstes qui se préoccupent peu de son triste sort.
Lorsqu' Annie aide la vieille femme à étendre son linge, elle ne proteste pas.
Jeanne vit dans un monde de tristesse, et se met à pleurer.
Et comme dit Annie
"Ne la fatiguons pas davantage, vous voyez bien qu'elle est malade de chagrin".

Enfin, il y a la vieille madame Thomas, dans "Le club des cinq aux sports d'hiver".
La déchéance n'est pas la même, car madame Thomas, physiquement, est tout à fait normale.
Lorsque les cinq là découvrent, elle s'affole, bégaie, se lève et se rassoit !
Elle se sent faible, et dit :
Oh ! il me semble que je perds la tête!

Le club des cinq est affligé :
Les enfants se regardèrent, Il leur semblait que la pauvre femme avait le cerveau dérangé...

Puis la situation s'explique : la vieilles dame est séquestrée depuis si longtemps !
Cette fois, il ne s'agit pas d'un mauvais fils, mais d'un neveu plus préoccupé par l'argent que par le bonheur des siens.
Peut-être n'est là que construction littéraire, coïncidences...
Pourquoi ces vieilles femmes malheureuses, ces fils méchants, ces neveux
indifférents ?
Seuls les biographes, les proches d'Enid Blyton, pourraient nous éclairer.

Si on lit bien les livres d'Enid Blyton, on s'aperçoit que le contenu n'est pas dépourvu d' intérêt, comme on a voulu le faire croire. Mais tous les petits détails formateurs présents dans ses livres sont "fondus" dans l'histoire. On ne s'étend pas sur la méchanceté, on ne met pas en avant les leçons qu'on pourrait en tirer.
Nous lisons des aventures "policières", et chacun peut y trouver ce qu'il y cherche comme enseignement, ou ne retenir que l'aventure et le mystère...
Il convient aussi de ne pas juger Enid Blyton à la lecture des seuls  "Club des cinq".
Ce serait commettre une grosse erreur et juger l'auteur sur une toute petite parcelle de son talent. Faute commise par de nombreux critique et amateurs. Nous reparlerons donc des autre ouvrages d'Enid Blyton.

 

Serge.

 

 

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