Bennett

Bennett / Jennings

 

 

The Jennings Meeting  2002

 

 

            Chaque année au mois de juin (mois où Anthony Buckeridge fête son anniversaire) se tient le « Jennings Meeting » à Lewes, charmante petite ville du Sussex où réside Anthony et qui est située à 10 kilomètres de la côte et de Newhaven (pour l’anecdote, une des rues de la ville porte le nom d’un des ses anciens maires qui se dénommait tout simplement…Bennett !). La réunion des fans nostalgiques d’Anthony Buckeridge se passe dans une salle d’un hôtel cossu, le « White Hart Hotel », dont les terrasses offrent une large vue de la campagne environnante

 

            Le samedi 15 juin 2002, les aficionados commencent à arriver en fin de matinée. Celle-ci est consacrée au troc. On vend, on échange des pièces de collection, « Jennings », « Bennett » ou « Fredy » selon son pays d’origine. Il faut dire que cette assemblée est cosmopolite. Elle regroupe bien sûr une majorité d’anglais mais les français sont bien représentés cette année, l’Allemagne également, l’Irlande…, les œuvres de Buckeridge ne connaissent pas de frontières. Nous sommes en tout une centaine de personnes, beaucoup ont vu leurs cheveux se raréfier ou grisonner, certains ont même un âge respectable (n’oublions pas que les anglais ont découvert Jennings vers les années 1950 et qu’ils lui sont toujours fidèles). Quelques femmes sont là mais l’élément mâle est majoritaire, comme dans les aventures bennettiennes.

 

            Après un repas buffet, les choses sérieuses commencent en début d’après-midi. Comme chaque année, Anthony Buckeridge honore de sa présence cette manifestation. Affaibli par un récent malaise suite à une hémorragie interne (mais son esprit est toujours lucide), il arrive sur une chaise roulante, entouré de sa famille proche, sa femme Eileen, ses enfants. L’un d’entre eux, Tim, présente le premier exposé après l’introduction de l’organisateur de la journée, Darrell Swift (cet amoureux des beaux livres est prématurément disparu quelques semaines après d’une attaque cardiaque à l’aéroport de New-York, alors qu’il achevait un tour du monde). Tim nous lit quelques lettres de fans parmi celles que reçoit encore régulièrement Anthony (et auxquelles lui ou sa femme répondent avec application et générosité, je peux en témoigner). A la fin de sa présentation, une salve d’applaudissements en l’honneur du héros de la journée, Anthony, qui avait pris place discrètement dans le public. Moment d’émotion. Les exposés se succèdent, sans temps morts, avec quelques interludes consistant en morceaux de pianos exécutés par un autre enfant d’Anthony, Corin Buckeridge. Musicien doué, il a monté un spectacle musical dont le titre « Jennings Abounding » n’est autre que le titre originel de « Bennett et le Pigeon Voyageur ».

 

            Le clou de la journée fut sans doute le spectacle-jeu monté par le club Bennett du collège de Gouvieux dans l’Oise et des ses quatre adultes accompagnateurs. Il s’agissait de jouer dix scènes (en anglais, s’il vous plait !) tirées de l’œuvre de Buckeridge. On avait distribué des cartons-réponses aux membres du public qui devaient restituer chaque scène au livre d’où elle avait été extraite. Scènes courtes, deux à trois minutes, qui ont provoqué les rires du public en même temps qu’un travail de mémoire intense pour resituer chaque épisode dans son livre. Nous avions pris soin de choisir 10 livres différents et d’époques très variées, du premier (« Jennings Goes to School », « Bennett au Collège ») au dernier (« Jennings at Large », « Bennett en Vacances »), les deux derniers « Jennings » inédits en France n’ayant pas été sélectionnés. Heureusement, comme nous jouions devant un public de connaisseurs, quelqu’un a réalisé le sans faute. Mais il ne s’agissait pas d’un citoyen de sa Majesté La Reine mais d’un…allemand, Florian Faust, qui connaît visiblement les « Jennings » sur le bout des doigts (ce qui est d’autant plus remarquable que beaucoup d’entre eux n’ont pas été traduits en allemand ; aussi est-ce à l’âge adulte et dans la langue de Shakespeare que notre ami les a explorés). Il fut remercié de sa performance par le premier prix qui consistait en trois « Bennett » que nous avions embarqués dans nos valises. Comme il venait d’achever brillamment ses études de droit, ce cadeau tombait à point nommé.

 

            D’exposés en jeux pour tester nos connaissances et rafraîchir nos mémoires, l’après-midi passa bien vite et vint le moment de nous séparer. Nous autres français devant rejoindre l’auberge de jeunesse où nous allions passer la nuit, nous ne pouvions rester pour le dîner qui devait clore cette journée mémorable. En tout cas, enrichis de ces rencontres émouvantes, touchés par la gentillesse, la simplicité d’Anthony Buckeridge et de sa famille, beaucoup avaient déjà envie de se projeter un an plus tard au futur « Jennings Meeting ».

 

 

           Patrick Galois


 


 



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