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Langelot


LES LANGELOT GIRLS

 



« Vous et vos alliées! dit Montferrand. Je ne crois pas encore vous avoir donné une seule mission sans que vous vous soyez arrangé pour y mêler une jolie fille. Car elle est jolie, votre alliée, n'est-ce pas?
– Euh… je ne sais pas… c'est-à-dire, oui : très jolie, mon capitaine », répondit Langelot en rougissant jusqu'aux oreilles.

Langelot Kidnappé, 1975, p. 145.


Ce dialogue me semble idéal pour débuter ce chapitre sur les Langelot Girls : oui, dans chacune des 40 aventures de Langelot, il y a une jolie fille, et parfois plusieurs! Mais Montferrand ferait erreur s'il s'imaginait qu'à chaque fois, Langelot en profite pour… « conclure », comme dirait Jean-Claude Dusse.

Langelot, tout d'abord, est un romantique (et pas un animal en rut comme certain agent britannique que, par souci de discrétion, nous ne désignerons ici que par son matricule, 007). Il le prouve du reste dans l'extrait ci-dessus en rougissant devant les insinuations de son capitaine.

Et puis, surtout, Langelot évolue dans le cadre étroitement balisé de la Bibliothèque Verte, où il n'est pas si aisé de proposer la botte à ses petites camarades (notons ainsi la parfaite retenue dont Michel, Daniel ou Arthur font preuve face à Martine, ou les six compagnons par rapport à Mady!)

Ce qui n'empêche pas Langelot, fort de ses dix-huit ans1, et de son statut d'officier de l'armée française, de pousser parfois jusqu'au badinage de bon aloi, en laissant au lecteur le soin d'imaginer la suite.

Mais, sur la cinquantaine de « jolies filles » qu'il croise au cours de ses missions, il existe diverses catégories, et une étude plus poussée (que nous avons menée avec la rigueur scientifique qui s'impose) montre que seule une minorité a pu se vanter d'avoir fait vraiment palpiter le cœur de Langelot.

Pour laisser le plaisir de la découverte, nous avons choisi de présenter les Langelot Girls suivant la liste des aventures qui composent la série. Certaines girls récurrentes auront donc droit à plusieurs fiches

 

1 Notons qu'au moment de la parution de la première aventure, en 1965, et jusqu'à la 22e, Langelot était mineur. La loi abaissant la majorité civile à 18 ans a été votée le 5 juillet 1974.

 

1              LANGELOT AGENT SECRET                                          
2              LANGELOT ET LES ESPIONS                                          
3              LANGELOT ET LE SATELLITE                                         
4              LANGELOT ET LES SABOTEURS                                    
5              LANGELOT ET LE GRATTE-CIEL                                     
6              LANGELOT CONTRE MONSIEUR T.                              
7              LANGELOT PICKPOCKET                                              
8              UNE OFFENSIVE SIGNÉE LANGELOT                           
9              LANGELOT ET L'INCONNUE                                          
10            LANGELOT CONTRE SIX                                               
11            LANGELOT ET LES CROCODILES                                
12            LANGELOT CHEZ LES PA-POUS                                 
13            LANGELOT SUSPECT                                                     
14            LANGELOT ET LES COSMONAUTES                           
15            LANGELOT ET LE SOUS-MARIN JAUNE                     
16            LANGELOT MÈNE LA VIE DE CHÂTEAU                    
17            LANGELOT ET LA DANSEUSE                                       
18            LANGELOT ET L'AVION DÉTOURNÉ                           
19            LANGELOT FAIT LE MALIN                                           
20            LANGELOT ET LES EXTERMINATEURS                       
21            LANGELOT ET LE FILS DU ROI                                     
22            LANGELOT FAIT LE SINGE                                            
23            LANGELOT KIDNAPPÉ                                                   
24            LANGELOT ET LA VOYANTE                                        
25            LANGELOT SUR LA CÔTE D'AZUR                               
26            LANGELOT À LA MAISON-BLANCHE                         
27            LANGELOT SUR L'ÎLE DÉSERTE                                    
28            LANGELOT ET LE PLAN RUBIS                                      
29            LANGELOT PASSE À L'ENNEMI                                   
30            LANGELOT CHEZ LE PRÉSIDENTISSIME                     
31            LANGELOT EN PERMISSION                                          
32            LANGELOT GARDE DU CORPS                                      
33            LANGELOT GAGNE LA DERNIÈRE MANCHE             
34            LANGELOT MAUVAIS ESPRIT                                       
35            LANGELOT CONTRE LA MARÉE NOIRE                      
36            LANGELOT ET LA CLEF DE LA GUERRE                      
37            LANGELOT ET LE GÉNÉRAL KIDNAPPÉ                     
38            LANGELOT AUX ARRÊTS DE RIGUEUR                        
39            LANGELOT ET LE COMMANDO PERDU                       
40            LANGELOT DONNE L'ASSAUT                                       

1965
1966
1966
1966
1967
1967 
1967
1968
1968
1968
1969 
1969
1970
1970
1971
1971
1972
1972
1972
1973
1974
1974
1975
1975
1976
1976
1977
1977 
1978
1978
1979
1979 
1980
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1985

 

CATÉGORISER LES LANGELOT GIRLS

 

 

J'y faisais allusion plus haut, une étude a été menée par des autorités scientifiques incontestables (à savoir moi et mon poisson rouge) sur la vie sentimentale de Langelot. Il était notamment question de savoir s'il y avait moyen de séparer les quarante deux[1] Langelot Girls en catégories cohérentes.

Je précise qu'il ne s'agissait pas pour nous de définir différents caractères féminins (cela a été déjà magistralement fait en 1969 par Georges Brassens dans Misogynie À Part)[2], mais d'identifier les types de relations que Langelot entretient avec ses Girls. Ajoutons qu'une même Girl peut être "multicartes", et appartenir à plusieurs catégories.

Le plus simple étant de commencer aux extrêmes, et d'ajouter ensuite des catégories intermédiaires, c'est la démarche que nous avons suivie, avec d'autant plus de facilité que la toute première aventure, Langelot Agent Secret (1965), nous met en présence d'un personnage féminin majeur en la personne de Corinne, à qui nous pouvons sans trop hésiter accorder la plus haute marche sur le podium des amours langelotiens. Il est clair en effet, même si cela est exprimé de façon détournée (Va, je ne te hais point, pourraient se dire, plagiant Corneille[3], Corinne et Langelot à plusieurs moments du récit), qu'à l'issue de cette année d'école[4], les deux jeunes gens sont devenus plus que des frères d'armes, plus que des copains, plus que des amis. Du reste, Corinne ne dit-elle pas, à la toute fin du livre : Un jour, toi aussi, tu connaîtras mon papa ? Ce qui semble indiquer qu'elle envisage d'introduire un jour Langelot dans le cercle familial[5].

Les sentiments de Langelot pour Corinne ne laissent aucune place au doute dans Langelot Gagne La Dernière Manche (1980), paru quinze ans plus tard – l'auteur, vivant avec son temps, s'est permis d'être plus explicite, allant même jusqu'à nous offrir une belle scène de jalousie (p. 93).

Ainsi donc, nous voilà amenés à définir une première catégorie, que j'ai appelée (sans aucune référence à l'ostréiculture) les « Spéciales ». On y trouve Corinne, qui en est le personnage emblématique, mais on peut aussi y rattacher partiellement Choupette (ne serait-ce que par sa présence répétée – 7 fois – dans la série). Je fais aussi figurer dans les « Spéciales » Constanzia Novy, pour qui Langelot éprouve un véritable coup de foudre (sans qu'on sache s'il est réciproque), Aglaé, Line Tresnel et Sélima Kébir, toutes les trois explicitement amoureuses de Langelot, qui de son côté leur manifeste de tendres sentiments.

À l'opposé des « Spéciales » se trouvent les Girls par rapport auxquelles il n'existe aucune sorte d'ambiguïté – la plupart du temps parce qu'elles "en aiment un autre". Nous avons baptisé cette catégorie les « Inaccessibles ». Les exemples parfaits sont Lucrezia Rozzi, Jean Foster, Thérèse Proutier, Shéhérazade Azziz, Niké Qattaräàléhak et Regina de Caravelas, mais on peut aussi y rattacher Graziella Andronymos, Diana Westonborough et Lionette de Crésilian.

Voisines des « Inaccessibles », mais néanmoins distinctes, il y a les « Intimidantes » qui, sans être strictement "interdites" aux attentions de Langelot, semblent "hors de portée" de par leur position sociale ou culturelle. C'est le cas de Maria Carolina Alfuentes de Villafranca y Alrededor, riche héritière ; du mannequin Chantal Boisguilbert, glacée et sophistiquée ; de Thérèse Proutier, secrétaire de général, glacée elle aussi, et pour tout dire pas franchement sympathique ; de Graziella Andronymos, fille de chef d'État ; de Dorothée Thyrst, danseuse-étoile mondialement connue ; de Christiane Salbris, brillante scientifique. Constanzia Novy, par sa beauté parfaite, son statut de diplomate, se rattache également à cette catégorie – mais les circonstances particulières de leur rencontre réduisent provisoirement le fossé culturel et permettent à Langelot de vaincre son inhibition et de manifester son attirance.

Autre type de Girls par rapport auxquelles les sentiments de Langelot sont – la plupart du temps – peu ambigus, les « Sœurs d'Armes », avec lesquelles il collabore sur un pied d'égalité, qu'elles soient des "amatrices" (Sophie Vachette, Liane Dotrante, Maria-Carolina) ou des professionnelles (Clarisse Barlowe, Lina Canova, Virginia Reynolds, Edeltraut Wolflotcher, Lucia Cinquegrana). De fait, Corinne et Mistigri, toutes deux agentes du S.N.I.F., se rattachent à cette catégorie, même si leurs rapports avec Langelot dépassent largement le cadre de la simple confraternité.

Si nous remontons encore un peu l'échelle de l'ambiguïté, nous trouvons une série de Girls avec lesquelles Langelot ne dédaigne pas "flirter", sans qu'on puisse sérieusement penser que les choses puissent aller plus loin. Dans cette catégorie, que nous avons baptisée « Badinage Sans Conséquence », nous retrouvons quelques « Sœurs d'Armes » : Clarisse Barlowe, Lina Canova, Virginia Reynolds, Edeltraut Wolflotcher, Liane Dotrante. On peut aussi y rattacher Grace Mac Donald, Ginger Burton et Melisande Croydon – bien que pour cette dernière il est permis de laisser un doute subsister ; nous y reviendrons plus loin.

Nous voici parvenus à mi-chemin de notre "échelle de l'ambiguïté", et nous allons à présent grimper d'un échelon (ou deux, ou trois), pour parvenir à la catégorie des « Et Plus Si Affinités ». Autrement dit nous abordons là les Girls avec lesquelles il est tout à fait concevable d'imaginer qu'après la dernière page, "quelque chose" puisse se passer (nous ne nous attarderons pas sur la nature de ce "quelque chose", fidèles en cela à l'esprit elliptique de la Bibliothèque Verte). Dans cette catégorie, nous trouvons Grisélidis Vadebontrain, Bertha Mann, Francia Lagloire, Aglaé, Lola Rodriguez, Marie-Jeanne Faure (Cora), Mirabelle et Jasmine Wartigues. Nous devons aussi y inclure Aglaé, Sélima Kébir et Line Tresnel, qui font déjà partie des « Spéciales ». Il faut encore y ajouter Mistigri, qui semble prête à franchir le tabou de la fraternisation entre collègues – plus facilement sans doute que Langelot, inhibé par le fait qu'il est son supérieur en grade et son chef de mission. Rajoutons Melisande Croydon, qui est "borderline" entre cette catégorie et le « Badinage Sans Conséquence ». Et terminons avec Véronique Chevrot, que son statut de scientifique surdouée aurait dû logiquement rattacher aux « Intimidantes » (comme Christiane Salbris), mais dont la jeunesse et la vulnérabilité permettent à Langelot de franchir le "fossé culturel".

Il nous reste une dernière catégorie, et pas la moindre : on peut en effet y rattacher des figures comme Choupette, Sélima Kébir, Line Tresnel, Chiquita Cavalcantes, Bertha Mann, Francia Lagloire, Andrée Clair, Lola Rodriguez, Mirabelle, Isabeau Chapuis, Jasmine Wartigues, et, last but not least, Gersende d'Holbach, dite Mistigri – soit pas moins de 12 Langelot Girls! Cette catégorie, c'est celle des « Petites Sœurs », que Langelot prend sous son aile protectrice, et par rapport à qui, fort de son statut d'officier, de son courage, de son aisance, de son humour, il ne se sent pas en position d'infériorité. Elles sont souvent (mais pas toujours) plus jeunes (Choupette, Andrée, Isabeau) et vulnérables (Bertha, Sélima, Mirabelle). Elles peuvent être strictement cantonnées dans cette catégorie (Andrée, Chiquita, Isabeau) ou bien être "multicartes" (Choupette, Sélima, Line, etc.)

Le tableau ci-dessous tente de présenter une vision synoptique des sept catégories que nous venons de définir, et des Langelot Girls qui s'y rattachent.

 

 

[1] Précisons que sur les 40 histoires, certaines Girls reviennent plusieurs fois (Corinne, Choupette…) ; et qu'en revanche, il y a des aventures où figurent plusieurs Girls. En tout, on arrive à 42 – nous avons exclu de ce nombre la jeune Margot dans Langelot Et La Danseuse, car elle n'apparaît que pour quelques pages, et les Guêpes, les quatre musiciennes de Julio dans Langelot Garde Du Corps, dont le rôle est anecdotique.

[2] Pour mémoire, voici le début de cette étude définitive :

Misogynie à part, le sage avait raison
Il y a les emmerdantes, on en trouve à foison
En foule elles se pressent
Il y a les emmerdeuses, un peu plus raffinées
Et puis, très nettement au-dessus du panier
Y a les emmerderesses

La mienne, à elle seule, sur toutes surenchérit
Elle relève à la fois des trois catégories
Véritable prodige
Emmerdante, emmerdeuse, emmerderesse itou
Elle passe, elle dépasse, elle surpasse tout
Elle m'emmerde, vous dis-je  

[3] Le Cid, acte III, scène 4.

[4] Et pourtant, Langelot, qui avait dix-huit ans au début du stage, les a toujours à la fin, douze mois plus tard. Quel talent! Seul Alain Souchon a fait mieux (J'Ai Dix Ans).

[5] Elle ne peut pas deviner que Langelot a déjà eu affaire à son père (bien que par l'intermédiaire d'un interphone), et que lorsqu'il le rencontrera physiquement, ce sera dans des circonstances fort peu mondaines (voir Langelot Kidnappé, 1975).

 

LANGELOT ET LES FILLES  

 

Résumons-nous : sur les 42 Langelot Girls, 16 (soit 39%) inspirent à notre agent 222 des sentiments qui dépassent le seuil d'ambiguïté[1], et 16 autres sont visiblement en deçà de ce même seuil[2].

Commençons par le second groupe. Pouvons-nous décerner des caractéristiques communes entre les Girls qui le composent?

Lucrezia Rozzi, outre son abord un tantinet rugueux, est fiancée, ce qui est aussi le cas de Thérèse Proutier (dans son cas, rugueuse est un euphémisme), de Jean Foster et de Chiquita Cavalcantes. Quant à Diana Westonborough, Lionnette de Crésilian, Shéhérazade Azziz, Niké Qattaräàléhak et Regina de Caravelas, elles sont "en amour" (comme dirait Grigri) avec un autre protagoniste (respectivement Tony, Ghislain, le prince Malek, Pierrot la Marmite et Raimundo).

Graziella Andronymos (fiancée elle aussi mais on l'apprend sur le tard) a pour caractéristique d'être fille de chef d'État, d'avoir un caractère altier et un physique hors normes : grande (une tête de plus que Langelot), athlétique, « elle sembl[e] être l'incarnation de la beauté africaine ». Dorothée Thyrst, Shéhérazade Azziz, Niké Qattaräàléhak, Chantal Boisguilbert et Regina de Caravelas sont aussi décrites comme étant particulièrement belles – Shéhérazade étant même gratifiée du titre de « perfection personnifiée ».

Christiane Salbris est quant à elle une intellectuelle de haut niveau, par rapport à qui Langelot se sent complexé. De même, outre sa beauté, il est inhibé par le statut d'artiste mondialement célèbre de Dorothée Thyrst. On pourrait dire la même chose de Chantal Boisguilbert, mannequin vedette.

Jean Foster, timide et charmante (sauf quand elle est en colère), est une héritière richissime. Même chose pour Maria Carolina Alfuentes de Villafranca y Alrededor (même si sa tendance à perdre ses pétroliers doit ennuyer son banquier).

L'Honorable Diana Westonborough, comme son titre l'indique, est fille de Lord. Lionnette est noble – petite noblesse normande un peu fauchée, certes, mais noble quand même! Graziella est fille de Président. Shéhérazade est la quasi-fiancée d'un Prince héritier, et la fille d'un homme politique de premier plan.

Andrée Clair est une jeune fille de santé fragile, intellectuellement brillante, mais elle n'a que 14 ans, ce qui la cantonne exclusivement dans la catégorie des « Petites Sœurs ».

À travers ces exemples, nous voyons se dégager quatre critères qui semblent déterminer le degré d'inhibition de Langelot par rapport à certaines Girls : le physique, le niveau social, le niveau intellectuel / culturel, et le statut "marital".

Le tableau ci-dessous représente la récurrence de ces critères chez les Langelot Girls situées en deçà du seuil d'ambiguïté ("N" pour "Non" ; "O" pour "Oui") :

 

 

Physique hors norme[3]

Intellectuelle / Artiste

Niveau social supérieur

Fiancée / Pas Libre

Total OUI

Lucrezia Rozzi

N

N

N

O

1

Diana Westonborough

N

N

O

O

2

Graziella Andronymos

O

O

O

O

4

Thérèse Proutier

N

N

N

O

1

Jean Foster

N

N

O

O

2

Chiquita Cavalcantes

N

N

N

O

1

Lionnette de Crésilian

N

N

O

O

2

Dorothée Thyrst

O

O

N

N

2

Andrée Clair[4]

N

O

N

N

1

Christiane Salbris

N

O

N

N

1

Shéhérazade Azziz

O

N

O

O

3

Niké Qattaräàléhak

O

N

O

O

3

Chantal Boisguilbert

O

O

N

N

2

Regina de Caravelas

O

N

O

O

3

Maria-Carolina

N

N

O

N

1

Isabeau Chapuis

N

N

N

N

0


Comparons maintenant, sur la base de ces mêmes critères, avec la liste des Girls localisées au-delà du seuil d'ambiguïté :

 

 

Physique hors norme21

Intellectuelle / Artiste

Niveau social supérieur

Fiancée / Pas Libre

Total OUI

Corinne

N

N

O

N

1

Choupette

N

N

N

N

0

Véronique

N

O

N

N

1

Grigri

N

N

N

N

0

Bertha

N

N

O

N

1

Francia

N

O

O

N

2

Constanzia

O

O

O

N

3

Aglaé

N

N

N

N

0

Lola

N

O

N

N

1

Sélima

N

N

N

N

0

Melisande

O

N

N

N

1

Line

N

N

N

N

0

Cora

N

N

O

N

1

Mistigri

N

N

N

N

0

Mirabelle

N

N

N

N

0

Jasmine

N

O

N

N

1

   

 

[1] Corinne, Choupette, Véronique, Grigri, Bertha, Francia, Constanzia, Aglaé, Lola, Sélima, Melisande, Line, Cora, Mistigri, Mirabelle et Jasmine.

[2] Lucrezia, Diana, Graziella, Thérèse, Jean Foster, Chiquita, Lionnette, Dorothée Thyrst, Andrée Clair, Christiane Salbris, Shéhérazade, Niké Qattaräàléhak, Chantal Boisguilbert, Regina de Caravelas, Maria-Carolina et Isabeau Chapuis.

[3] Entendons-nous bien, les Langelot Girls sont toutes jolies! Nous ne signalons dans cette catégorie que celles dont la beauté physique est tout particulièrement célébrée par l'auteur.

[4] Le cas d'Andrée Clair est particulier, car elle n'a que 14 ans, ce qui la cantonne exclusivement dans la catégorie des « Petites Sœurs ».

 

De ces deux tableaux, il ressort que Langelot s'interdit strictement (même s'il en éprouve parfois des regrets, dans le cas, par exemple, de Shéhérazade), de marcher sur les plates-bandes d'un autre. Une Girl dont le cœur est déjà pris est donc par définition "interdite".

Dans le cas du critère physique, on peut se poser la question de l'existence d'un syndrome "Trop Belle Pour Toi". Il semble en effet que Langelot soit plus à l'aise avec des filles au physique "ordinaire" (par opposition à "extraordinaire"). Constanzia Novy constitue une notable exception, dans le sens où Langelot semble prêt à braver pour elle trois inhibitions : physique, intellectuelle et sociale.

Le complexe face à des capacités intellectuelles ou artistiques hors du commun lui semble plus difficile à franchir. Christiane Salbris est un cas d'école : même s'il la trouve "adorable" (en se basant sur une photo), il ne parvient que dans l'action à dissiper son malaise par rapport à cet esprit froidement analytique. Dans le cas de Véronique Chevrot, tout aussi intelligente, mais plus jeune, et surtout infiniment plus vulnérable, le fossé est plus facile à franchir.

Concernant l'attitude de Langelot par rapport au statut social, il faut noter que parmi les Girls jugées "hors de portée", celles qui sont riches ou appartiennent à la haute société sont également fiancées ou engagées, à l'exception de Maria-Carolina. Quant aux "possibles", la différence de niveau social, pour être réelle, n'en est pas moins relative : Corinne est fille de général ; Bertha, Francia et Cora sont filles d'industriels ; Constanzia est diplomate (mais elle est en délicatesse avec les autorités de son pays).

Il existe donc une cohérence chez Langelot : orphelin de la classe moyenne, intelligent, intuitif, mais peu diplômé (encore faut-il préciser qu'il est bachelier, ce qui à la fin des années 60 est encore assez prestigieux[1]), il est plus à l'aise avec des filles issues d'un même moule. Les expériences communes comptent beaucoup pour lui : son lien avec Corinne (orpheline[2] de mère, et dont le père est lointain) est renforcé par l'année qu'ils passent à l'école du S.N.I.F. La relation qu'il entretient avec Choupette (autre orpheline de mère, dont le père est souvent absent – même quand il est là!) est au début assez marquée par le rapport frère / sœur, mais elle évolue au cours des aventures. Il est du reste intéressant de noter que l'auteur a fait passer, entre Langelot Et Les Espions et Une Offensive Signée Langelot, l'âge de Choupette de 16 à 17 ans…

Au final, toutes les Girls envers qui Langelot dépasse ce que nous avons appelé le "seuil d'ambiguïté" ont en elles une faille, une blessure intime, avec lesquelles il entre en empathie : Bertha Mann, toute menue, toute timide, a "fauté" avec un agent de Monsieur T. et ainsi trahi son père ; Sélima est au début du récit sous la coupe des Falsope, et trahit Langelot lui-même – nous pourrions multiplier les exemples.

Ces liens particuliers peuvent aussi provenir d'un moment dramatique vécu en commun (comme par exemple la nuit d'angoisse au sommet du gratte-ciel avec Grigri).

Il y a incontestablement chez lui un complexe de "chevalier servant" : il soutient, protège, sauve souvent, les Girls les plus vulnérables (Véronique Chevrot, Bertha, Francia, Chiquita, Andrée, Lola, Sélima, Mirabelle, etc.) – et cette vulnérabilité même est pour lui un facteur d'attraction. Langelot est un garçon qui aime servir (il n'est pas soldat pour rien), qui aime être utile…

Mais la vulnérabilité ne suffit pas : Dorothée Thyrst, par exemple, est comme un animal traqué durant tout le récit, et elle met littéralement sa vie entre les mains de Langelot – et pourtant ce dernier ne cesse d'être inhibé par rapport à la jeune femme, si belle, si grande, si douée, si célèbre. Il est tellement plus à l'aise avec Margot, campagnarde rieuse et toute simple!

Cependant, être "chevalier servant" ou "grand frère" n'empêche pas Langelot d'utiliser, et éventuellement de mettre en danger, certaines Girls dans l'accomplissement de la mission (la cas typique est Line Tresnel dans Langelot Sur La Côte D'Azur). Il le fait sans plaisir, souvent même avec réticence, mais aussi sans hésitation : le devoir avant tout!

Pour conclure, essayons de brosser un portrait de la Langelot's Girl idéale :

Ce serait une fille de 17 à 21 ans, jolie sans être extraordinairement belle (Constanzia étant l'exception qui confirme la règle) ; plutôt ronde que maigre (Shéhérazade Azziz, considérée par Langelot comme "la perfection personnifiée", est décrite comme étant "potelée"[3]) ; plutôt petite que grande.

Elle doit être issue d'un milieu social pas trop éloigné de celui de Langelot (moyenne bourgeoisie urbaine). Il vaut mieux qu'elle ne soit ni riche, ni célèbre, ni supérieurement intelligente. Si Langelot n'est pas à proprement parler macho, il a du mal à ne pas être au moins sur un pied d'égalité avec les jeunes filles auxquelles il tient. D'où le côté sans doute rassurant pour lui de la "petite fille en détresse".

Notons pour finir que quatre « Spéciales » sur six sont françaises (et les deux autres, Constanzia et Aglaé, parlent français couramment). Faut-il en conclure que Langelot est un peu chauvin? Sur ce point, le doute n'est guère permis…

[1] En 1965, moins de 20% des jeunes de l'âge de Langelot ont le Bac.

[2] Il est important de noter que chez les Langelot Girls, être orpheline (d'au moins un parent) constitue la norme plutôt que l'exception. Sur les 41 Girls, celles dont on sait positivement qu'elles ont encore leurs deux parents ne sont que 8, soit 19,5%. Et si on considère uniquement la catégorie des « Spéciales », le pourcentage tombe à zéro!

[3] L'adjectif "potelée" est également appliqué à Choupette, à Aglaé, à Chiquita, à Mirabelle ; quant à Mistigri, elle est "rondelette"…

 

 

Langelot agent secret

 

 

Langelot et les espions

 

 

Langelot et le satellite

 

 

Langelot et les saboteurs

 

 

Langelot et les gratte-ciel

 

 

Langelot contre monsieur T

 

 

Langelot pickpocket

 

 

Une offensive signées Langelot

 

 

Langelot et l'inconnue

 

 

Langelot contre six

 

 

Langelot et les crocodiles

 

 

Langelot chez les pa-pous

 

 

Langelot suspect

 

 

Langelot est les cosmonautes

 

 

Langelot et les sous marin jaune

 

 

Langelot mene la vie de chateau

 

 

Langelot et la danseuse

 

 

Langelot et l'avion detourné

 

 

Langelot fait le malin

 

 

Langelot et les exterminateurs

 

 

Langelot et le fils du roi

 

 

Langelot fait le singe

 

 

Langelot kidnapé


Langelot et la voyante

 

 

Langelot sur la cote d'azur

 

 

Langelot a la maison blanche

 

 

Langelot sur l'île deserte

 

 

Langelot et le plan rubis

 

 

Langelot chez le presidentissime

 

 

Langelot passe a l'ennemi

 

 

Langelot en permission

 

 

Langelot garde du corps

 

 

Langelot gagne la dernière manche

 

 

Langelot mauvais esprit

 

langelot contre la marée noire

 

 

Langelot et la clef de guerre

 

 

Langelot et le général kidnappé

 

 

Langelot aux arrêts de rigueur

 



Langelot et le commando perdu

 

 

Langelot donne l'assaut

 

   


Dernière mise à jour David Minger / Livres d'enfants le mercredi 13 août 2014

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