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Langelot

Son nom est Langelot… juste Langelot.

 


Au long de ses quarante aventures, il assumera de nombreux pseudonymes – dont celui, récurrent, d'Auguste Pichenet – mais son véritable prénom demeurera un mystère. Quant à son numéro matricule, il ne comporte pas de double zéro, mais est néanmoins facile à retenir : 222.

 

Il apparaît pour la première fois en 1965, dans le titre n°284 de la Bibliothèque Verte, Langelot Agent Secret, sous les traits d'un jeune homme de dix-huit ans (en vingt ans et quarante aventures, il ne vieillira pratiquement pas). Il n'est pas très grand, il est blond, il a les traits menus mais durs, et dès les premières lignes, on comprend qu'il n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds…

 

Dans le cadre de sa préparation au service militaire, Langelot est choisi (par une calculatrice électronique) pour intégrer l'école du S.N.I.F. – Service National d'Information Fonctionnelle –, le plus moderne et le plus secret des services de renseignement français. Sa formation va durer un an et se déroulera à bord du Monsieur-de-Tourville, un ancien croiseur transformé en navire-école. Il y rencontrera Corinne (dont le vrai nom est Delphine, et qui se trouve être la fille du chef du S.N.I.F., qu'on ne voit jamais et qu'on ne connaît que sous le nom de Snif) et réussira à éviter le torpillage du navire, tout en mettant hors d'état de nuire un redoutable agent ennemi.
Un moment de tendresse entre Langelot et Corinne, surpris par Maurice¨Paulin dont la présence sur le Monsieur-de-Tourville reste inexpliquée.

 

Suivront trente-neuf missions, qui mèneront le jeune agent secret de Paris à Munich, de l’Afrique à l’Amérique du Nord, de la Normandie à la Côte d’Azur, des îles du Pacifique au mystérieux Pays Noir (nom de code 4584), d’Ibiza aux rives du lac Genève. Langelot sauvera la France (souvent), et même le monde (parfois) ; il affrontera des espions étrangers, des organisations financières (ou plutôt phynancières1) internationales, des savants fous, des dictateurs. Il devra désamorcer des bombes atomiques et des tentatives de coup d’état, et ce faisant, il rencontrera, charmera et sauvera une collection de charmantes jeunes filles – que nous avons irrévérencieusement surnommées les Langelot’s Girls.


Langelot et sa fidèle 2 CV, immortalisés par Maurice Paulin.
(Langelot et les cosmonautes, 1970)

 

Tout cela avec comme seules ressources son fidèle .22 Long Rifle à la crosse moulée à sa main, sa 2 CV aux performances améliorées par les services techniques du S.N.I.F. (remplacée sur le tard par une Midget bleu roi), sa maîtrise des arts martiaux, quelques gadgets (les « petits trucs électroniques », comme le dit avec un certain mépris son collègue Pierrot la Marmite) – et surtout sa débrouillardise, son imagination débordante et sa capacité (parfois peu prisée par son supérieur direct, le capitaine Montferrand) à prendre des initiatives. Autrement dit, Langelot, en bon Français, est un adepte du système D… 
Moralement, Langelot est avant tout un soldat, prêt à tous les sacrifices pour son pays. Comme Jean Gabin dans Le Président, Langelot pourrait dire qu’il n’a eu « qu’une seule maîtresse : la France ». Cela explique sans doute pourquoi ses rapports avec la gent féminine (à l’exception de Corinne et Choupette), sont marqués par la brièveté. Amoureux de sa liberté, Langelot est de plus persuadé que son métier est incompatible avec une relation durable.

Langelot affiche des opinions d’un conservatisme modéré (sauf une fois, vis-à-vis de Greg, un « déserteur », qui vu l’époque (1969) était plus probablement un insoumis, c'est-à-dire un réfractaire au service militaire). Langelot affirme sans nuances que « pour les gars qui par pure lâcheté refusent de servir leur pays, je n’ai pas de pitié. » (Langelot Et Les Pa-Pous, p. 241) 2

Il n’a pas non plus beaucoup de tendresse pour les tendances capillaires et vestimentaires de cette fin des années 60. Cet extrait est significatif : « Soudain, Langelot se transforma, d’un sympathique garçon sain et sportif, en un personnage à la mode, mi-beatle, mi-beatnik, mais sans l’expression de chien battu qu’affectent souvent ces messieurs […] » (Langelot Et Les Saboteurs, 1966, p.206).

Conservateur, Langelot l’est aussi sur le plan artistique : il déteste la musique pa-pou (qui semble représenter aux yeux de l’auteur un amalgame de tous les nouveaux styles musicaux florissant dans les années 60-70) et préfère Mozart et Brassens (ce dernier représentant quand même une certaine ouverture d’esprit pour un militaire !) 

Langelot, « mi-beatle, mi-beatnik », 
essayant de pénétrer dans un club londonien.

Il est aussi plutôt matérialiste, et se moque ouvertement de l’occultisme dans Langelot Et La Voyante (1975) et Langelot Mauvais Esprit (1980). On peut noter (et cela peut surprendre vu les idées de l’auteur sur le sujet) que la dimension religieuse est totalement absente de la série 3. Le mot « Dieu » lui-même apparaît très rarement, et toujours dans des expressions passées dans le vocabulaire courant : « Dieu sait si je vous admire », dit par exemple Graziella Andronymos dans Langelot Et Les Crocodiles (1969), p. 80.

Comme on l’a vu plus haut, il est loin d’être insensible au charme féminin, et il est semble-t-il connu dans son quartier comme ayant « un cœur d’artichaut » (Langelot Et La Voyante, 1975, pp. 42-43, p. 78).

D’un point de vue « climatique », Langelot s’affiche résolument comme un Méditerranéen, n’appréciant rien tant que le soleil et la plage. Il se sent comme un poisson dans l’eau à Ibiza (Langelot Et Le Sous-Marin Jaune, 1971), et passe ses permissions sur la Côte d’Azur ou en Espagne (Langelot Sur La Côte D’Azur, 1976 ; Langelot En Permission, 1979). 

S’il n’est pas un linguiste – contrairement à son auteur – , Langelot parle couramment l’espagnol, au point de pouvoir passer pour un Castillan (Langelot Et Le Sous-Marin Jaune, 1971). Par contre, son anglais laisse à désirer 4, ce qui est quand même curieux après autant de missions dans des pays anglophones. Il faut vraiment le faire exprès pour traduire « la fusée a décollé ? » par « fuse not unstuck? » (le fusible est détaché ?)… 

Langelot en train d’apprécier les charmes d’Ibiza – 
et ceux de Chiquita

1 Le SPHINX, organisation à laquelle Langelot sera opposé au long de 14 aventures, signifie « Société PHynancière INternationale X », comme il est révélé dans Langelot En Permission, 1979, p. 8).
2 Les références de pagination sont toujours celles de l’édition en Bibliothèque Verte.

3 C’est également le cas pour Michel ou Les Six Compagnons. Faut-il voir là une « laïcité » imposée par les éditions Hachette ?
4 Peut-être faut-il voir là une certaine anglophobie de Volkov – qui pourtant maîtrisait parfaitement la langue anglaise.


Dernière mise à jour David Minger / Livres d'enfants le mardi 28 mai 2013

 

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