L'auteur
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Longtemps, sans doute, les lecteurs de Langelot se sont
plu à imaginer le Lieutenant X sous les traits prêtés par Maurice Paulin au capitaine Montferrand : un militaire en retraite, peut-être un ancien Résistant, fumant la pipe, gentiment réactionnaire, et parlant avec une voix voisine de celle de « Monsieur X » dans l’émission de Patrick Pesnot le samedi après-midi sur
France-Inter.
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Et puis, au début des années 2000, on a appris que derrière ce pseudonyme se cachait Vladimir Volkoff (Paris, 7 novembre 1932 – Bourdeilles, 14 septembre 2005), écrivain français d’origine russe, petit-fils d’un général sans doute tué au cours de la Révolution de 1917, et par sa mère, petit-neveu de Tchaïkovski.
Après des études supérieures à la Sorbonne, et un doctorat de philosophie à l’université de Liège, il fait son service militaire (aurait-il été incorporé à la caserne De-Lattre-De-Tassigny, comme Langelot quelques années plus tard ?), se porte volontaire pour
l’Algérie, ou il devient officier, se marie (une union qui ne dure pas mais dont naîtra une fille), accomplit des tâches de bureau où ses talents linguistiques lui font sans doute fréquenter le monde du Renseignement militaire. Il revient en France très amer
vis-à-vis de la politique suivie par De Gaulle en Algérie, et trouve un poste au ministère des Armées (comme on appelait alors le ministère de la Défense).
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Vladimir Volkoff |
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En 1962, il publie L’Agent
Triple, qui n’est pas son premier roman, mais qui est le premier à être accepté par un éditeur.
Pour arrondir ses fins de mois (Volkoff vit avec sa mère, et sa fille, Tatiana), il se met à écrire la série des Langelot pour la Bibliothèque Verte.
Volkoff va ensuite partir pour les Etats-Unis (une de ses tantes vit en Géorgie) et trouve une place de professeur de littérature et de civilisation françaises dans un collège de jeunes filles d’Atlanta.
Sa vie aux États-Unis reste
entrecoupée de séjours en France. Volkoff publie deux nouveaux romans d’espionnage,
Le Retournement (1979) – son plus grand succès public, vendu à plus de
100 000 exemplaires, et Le Montage (1982), ce dernier couronné par le Grand Prix du Roman de
l’Académie Française.
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Il revient en France en 1994 et s’installe à
Bourdeilles, en Dordogne. Très marqué par la fin du communisme à
l’Est et la guerre civile yougoslave, ses derniers écrits et certaines de ses interventions publiques sont diversement appréciés.
Volkoff est donc un personnage complexe, qui correspond assez peu à ce qu’on aurait pu imaginer de l’auteur des Langelot 1. Les thèmes qui semblent avoir marqué sa vie (la religion, ses convictions monarchistes, sa passion pour la chasse, son conservatisme politique) apparaissent peu voire pas du tout dans la série des
Langelot. Faut-il y voir l’effet du cadre strict imposé en France aux publications destinées à la jeunesse, ou la capacité qu’avait Volkoff à être plusieurs personnes à la fois ? Un talent qui tendra à s’effacer à la fin de sa vie : le ton des derniers Langelot devient plus caricatural, plus militariste aussi, et pour tout dire, il manque aux titres postérieurs à
Langelot Mauvais Esprit (1980) beaucoup de ce qui avait fait le charme de précédents épisodes de la série.
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Incidemment, ce charme se retrouve un peu dans les aventures de Corinne (et surtout la première) :
Corinne Première Mission (1981), et Corinne Et L’As De Trèfle (1983) – mais ces deux romans n’avaient-ils pas été écrits quelques années plus tôt ?
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1 Pour une biographie plus détaillée, on pourra utilement se reporter à la notice wikipédia de Vladimir Volkoff : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vladimir_Volkoff |
Dernière mise à jour David
Minger / Livres d'enfants le mardi 28 mai 2013
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